Le garcon invisible:
Nouveau regard sur la victimologie au masculin: enfants t adolescents
Notre mission est d'aider les Canadiens et les Canadiennes maintenir et amliorer leur tat de sante.
Sante Canada
Redaction: Frederick Mathews, Ph.D., C. Psych.
Les opinions exprimes dans ce document sont celles de l'auteur et ne refltent pas neccessairement les points de vue officiels de Sante Canada.
Also available in English under the title The Invisible Boy Revisioning the Victimization of Male Children and Teens
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On peut obtenir, sur demande, la prsente publication sur disquette, en gros caractres, sur bande sonore ou en braille.
Ministre des Travaux publics et Services gouvernementaux Canada 1996
Cat.: H72-21/143-1996F
ISBN: 0-662 -81082 - 1
Table des matires
Introduction: S'ouvrir aux victimes masculines
- De la ncessit d'une perspective d'inclusion du vcu masculin
- De la ncessit d'un nouveau regard sur la victimologie au masculin .
- Le garon invisible et sa raison d'tre
Chapitre 1. La prvalence: Un drame aux nombreuses facettes .
- Exploitation sexuelle des garons - enfants et adolescents
- Conduite sexuelle abusive entre frres et/ou soeurs
- Harclement sexuel
- Viols et agressions sexuelles contre les hommes en prison
- Enfants maltraits physiquement et motivement, et en carence de soins
- Violence entre frres et/ou soeurs
- Chtiments corporels
- Violence dans le cadre communautaire, scolaire et institutionnel
- Suicide
- Jeunes de la rue
- Prostitution
- Jeunes souffrant de handicaps
- Raction des professions aux victimes masculines - un des dterminants de la prvalence
- Images de violence contre les garons et les jeunes gens dans les mdias
Chapitre 2. Agresseurs des garons et des hommes
- Conduite sexuelle abusive
- Contrevenants adolescents
- trangers; connaissances
- Contrevenants fminins
- Dynamique de la conduite sexuelle abusive des femmes
- Mauvais traitements et carence de soins
- Chtiments corporels
Chapitre 3. Effets sur les victimes masculines
- Conduite sexuelle abusive
- Mauvais traitements physiques, chtiments corporels et carence de soins
- La licence des moeurs sexuelles des mles et ses consquences
- Implications pour la recherche
- Implications en matire d'valuation, de traitement et de dveloppement de programmes
- Une boucle de la violence?
- Implications en matire de dveloppement du personnel et de supervision des programmes
- A la recherche d'une grille d'analyse plus inclusive
- Nos messages aux victimes masculines
- En quoi les choses seraient-elles diffrentes pour les victimes masculines si nous reconnaissions leur existence?
- Commencer avec nous-mmes comme adultes
Remerciements
Le garon invisible: Nouveau regard sur la victimologie au masculin: enfants et adolescents a t prpar par l'Association des familles d'accueil du Canada (AFAC) pour le compte du Centre national d'information sur la violence dans la famille de Sant Canada.
L'AFAC aimerait tout particulirement remercier ceux et celles qui ont aid la prparation du manuscrit - Judy Urquhart, Len Kushnier, Veronica Marsman, Philip Quigley; la Unit de la prvention de la violence familiale et le Centre national d'information sur la violence dans la famille de Sant Canada - de leur soutien au projet; ainsi que Fred Mathews et John Meston.
Linda Lelivre
Presidente
l'Association des familles d'accueil du Canada
Introduction
S'ouvrir aux victimes masculines
tant donn que nous sommes parfois pousss contre notre volont par des personnages de haut rang, voici comment par compression, l'opration est effectue: des enfants, encore d'ge tendre, sont placs dans un bassin d'eau chaude et ensuite, lorsque les parties sont ramollies dans le bain, les testicules doivent tre presss avec les doigts jusqu' ce qu'ils disparaissent.
Paulus Aegineta
Ier sicle
Cette citation qui figure au dbut de l'ouvrage de Sander Breiner Slaughter of the Innocents: Child Abuse Through the Ages and Today [Le Massacre des innocents: enfants maltraits aujourd'hui et au cours des sicles] nous rappelle sans mnagement que la brutalisation des garons remonte la plus haute antiquit. Le passage en question est une instruction ceux qui cherchaient contourner une loi promulgue par l'empereur romain Domitien qui interdisait la castration des garons destins des bordels ou vendus des matres qui les sodomisaient. Au tournant du vingtime sicle, on pratiquait encore rgulirement la circoncision masculine sans anesthsie en guise de thrapeutique pour rprimer des comportements comme l'hyperactivit et la masturbation (De Mause, 1988). Quant ceux qui croiraient que ce type de traitement inexcusable des petits ou des jeunes de sexe masculin est chose du pass, nous attirons leur attention sur les lments suivants:
- un pisode d'une mission de tlvision humoristique: contexte - un camp d't; situation - l'exploitation sexuelle d'un garon de cantine par un adulte (nul autre qu'un conseiller du camp);
- un journal canadien annonce un jeu de socit Les 101 usages d'un pnis amput ;
- une autre mission de tlvision illustre une situation d'inceste mre/fils dans le cadre d'un sketch comique portant sur le sexe au tlphone;
- un article de journal au sujet d'une mre qui a laiss son fils de 11 ans attach et billonn dans un garde-robe cite les propos du travailleur social qui aurait dclar durant le procs que le garon tait trs port mentir, voler, manipuler et tre perturbateur l'cole et qu'il s'agissait en gnral d'un enfant trs dsagrable.
Ces quelques exemples illustrent certains des thmes que nous explorons dans les pages qui suivent, notamment une attitude de deux poids, deux mesures dans les soins et le traitement offerts aux victimes masculines, ainsi que l'invisibilit et la banalisation de la violence et de la conduite abusive exerces l'encontre des garons et des jeunes gens dans notre socit.
En dpit du fait que plus de 300 ouvrages et articles sur les victimes masculines aient t publis au cours des 25 30 dernires annes, les garons, petits et grands, demeurent la priphrie du propos relatif aux enfants maltraits. Peu d'ateliers leur sont consacrs dans les confrences sur le sujet et il n'existe pas de programmes de formation spcialiss pour les cliniciens. Les valuations spcifiques aux victimes masculines sont quasi inexistantes et les programmes de traitement sont rares. Et si l'on parie des adultes (hommes), la carence est encore plus criante. On a rcemment pu tre tmoin Toronto d'un triste exemple de cet tat de choses. Aprs la diffusion du film Les garons de Saint-Vincent - sur les mauvais traitements infligs des garons dans un orphelinat dirig par l'glise - la ligne tlphonique de secours aux enfants Kids Help Phone a reu plus d'un millier d'appels d'hommes angoisss qui se prsentaient comme adultes rescaps de svices sexuels infligs durant l'enfance. Il n'y a pas de mots pour dcrire la cruelle ironie que ces hommes n'aient d'autre issue que de s'adresser une ligne tlphonique d'urgence pour enfants.
Mme le langage que nous utilisons dans le discours actuel sur la violence et les mauvais traitements masque, minimise ou occulte certaines ralits concernant les victimes de sexe masculin. Les expressions comme violence familiale sont devenues synonymes de violence contre les femmes, surtout aux mains de maris, pres, ou autres hommes adultes. En fait, cette locution fait conceptuellement disparatre du rang des victimes potentielles tous les hommes (garons, adolescents, hommes gs, frres de tous ges maltraits par des frres ou soeurs), tout en occultant la notion de contrevenants fminins.
Le Canada trane srieusement de la patte par rapport d'autres pays occidentaux en ce qui concerne les tudes sur les victimes masculines et les contrevenants des deux sexes. En fait parmi les multiples tudes et le nombre croissant de recherches sur les victimes masculines, seul un petit nombre sont canadiennes. Il y a d'normes lacunes combler en matire de politiques sociales, d'information publique, de financement des recherches et programmes de traitement, et en ce qui concerne la formulation d'un discours plus inclusif sur la violence interpersonnelle, qui reflterait aussi l'exprience masculine.
De la ncessit d'une perspective d'inclusion du vcu masculin
Une perspective sur la violence et la victimologie qui serait inclusive du vcu masculin doit ncessairement tre dynamique et volutionniste, tant donn que les victimes masculines ne font tout juste que commencer s'exprimer sur leurs expriences. Au fur et mesure, leurs histoires nous forceront remettre en question nombre de prsomptions anciennes qui font partie de notre paysage psychologique des victimes et des contrevenants. Il ne faut surtout pas s'imaginer que les victimes masculines constituent un groupe homogne, et avec le temps, il est probable qu'un certain nombre de perspectives distinctes surgiront. Hommes htrosexuels, homosexuels, bisexuels, autochtones, vivant avec des dficiences et membres de minorits visibles et culturelles apporteront diffrentes facettes aux drames qui se dessinent de la victimologie masculine.
Il existe, toutefois, quatre lments qui sont fondamentaux au concept d'inclusion du vcu masculin; premirement, la ncessit d'articuler un ou plusieurs points de vue au masculin, refltant la diversit des hommes et des garons au sein de la population dans son ensemble; deuximement, la ncessit pour les victimes masculines de rechercher l'quilibre motionnel, physique, mental et spirituel dans leur lutte pour soigner la blessure dans ces divers aspects de leurs vies; troisimement, la ncessit d'honorer et de protger les gains obtenus par les victimes fminines et de reconnatre les contributions que les femmes ont faites pour rompre le silence sur la violence et les mauvais traitements; quatrimement, la ncessit de dvelopper une vision commune d'intgration des histoires des victimes, aussi bien masculines que fminines, pour que puisse voluer une perspective cohrente et inclusive qui nous appartiendrait tous et que nous pourrions utiliser collectivement dans la lutte pour rduire et liminer la violence interpersonnelle et les mauvais traitements dans notre socit. Malheureusement, comme le rvlent les histoires que racontent les victimes masculines, nous avons encore normment de chemin faire pour raliser l'un ou l'autre de ces objectifs.
Les victimes masculines mentionnent qu'elles sont extrmement navres, frustres, et parfois mme en colre de voir que leurs histoires ne sont pas refltes dans le discours public sur la violence et les mauvais traitements. Plusieurs vastes tudes canadiennes sur la violence interpersonnelle faites ces dernires annes ne signalent que des constats propres la victimologie fminine et cachent les rsultats portant sur les victimes masculines. De nombreux documents universitaires sur les victimes de la violence se targuent d'tre quilibrs alors qu'ils ne donnent ordinairement qu'un faible cho de la situation masculine dans leurs analyses. D'un point de vue conceptuel, bien des gens font galement l'erreur d'accepter et d'utiliser, sans un instant de rflexion, un modle victimologique uniquement ax sur la femme. Les victimes masculines estiment galement qu'une bonne partie de ce travail est dshumanisante et qu'elle fait peu de cas de leur vcu. Ces hommes considrent en outre que de nombreux auteurs et penseurs dans le domaine ont dmarqu le discours sur la violence et les mauvais traitements en traant des frontires qui les excluent.
Les hommes s'aperoivent souvent que leurs thrapeutes, conseillers ou autres types de praticiens habitus fonctionner avec des modles axs sur la victimologie fminine ne sont pas capables de les aider. Par consquent, ils sont susceptibles de tout simplement abandonner la thrapie, laissant inexplors de nombreux problmes issus de leur exprience de victime, alors qu'ils sont cruciaux leur rtablissement spirituel.
Comme leurs contreparties fminines avant eux, ces hommes aussi ont eu se bute r une panoplie de critiques et dtracteurs, de s gens qui refusaient de les croire, ignorant les statistiques de prvalence, minimisant l'impact des mauvais traitements, s'appropriant la parole des hommes dans une volont de dni, ou relguant la victimologie masculine au rang de faux problme. En prsence de donnes statistiques sur la prvalence de la victimologie masculine, l'opinion selon laquelle la plupart des contrevenants sont des hommes est fort rpandue. Cette croyance est sans fondement. Elle tend d'habitude vouloir rduire la victimologie masculine un problme d'hommes. En plus d'tre dsobligeantes, de telles opinions sont perues par les rescaps masculins comme autant de blmes l'endroit des victimes. Certes, il est utile de scruter et critiquer concepts et thories, et cela joue mme un rle important dans l'volution et le dveloppement de tout domaine, mais il ne fait aucun doute que le dni, la minimisation et le silence sont dommageables pour les victimes.
bien des gards, les victimes masculines se retrouvent l o leurs contreparties fminines en taient il y a 25 ans. La plupart d'entre nous oublions l'norme opposition rencontre par le mouvement des femmes lorsque celles-ci ont commenc s'organiser et exiger d'avoir voix au chapitre pour manifester contre la violence et montrer du doigt les auteurs de svices. C'est de haute lutte qu'elles ont obtenu les services de soutien actuels qui, pourtant, courent encore constamment le risque d'tre privs de fonds. Par comparaison, il n'existe pas rellement comme tel de mouvement organis des victimes masculines. En gnral, le mode de socialisation de s mles ne favorise p as leur regroupement comme c'est le cas pour les femmes, ni la communication intime, pas plus que leur capacit se percevoir comme soutien l'un pour l'autre. Bref, une bonne partie de ce dont ont besoin les victimes masculines pour s'organiser en mouvement les obligerait surmonter de nombreux lments communs du mode de socialisation masculine, lesquels militent tous contre l'avnement d'une telle ralit
De la ncessit d'un nouveau regard sur la victimologie au masculin
Le sous-titre de cet ouvrage, Nouveau regard sur la victimologie au masculin, est une invitation au public aussi bien qu'aux praticiens revoir et rvaluer leur savoir et leur comprhension de la violence et des mauvais traitements, et de faire en sorte que l'on puisse y inclure une perspective masculine . Si l'on se fie aux indices prsents dans les pages du prsent rapport, cette dolance est convaincante et incontournable.
La rflexion et le dis cours actuels, tant publics que professionnels, en matire de mauvais traitements et de violence interpersonnelle sont majoritairement fonds sur un point de vue ax sur la femme. Il n'y a l ni juste ni faux, ni bien ni mal; cela tant plutt fonction de ceux et celles qui ont su prendre la parole. Cependant, il en rsulte que la victime a toujours un visage fminin, les contrevenants, un visage masculin. Et c'est ce visage masculin des bourreaux qui fait que la violence dans notre socit a t masculinise et qu'elle est exclusivement impute aux hommes et aux modes de socialisation masculins. Bien qu'il soit indniable qu'il existe une dimension masculine de nombreuses formes de violence, surtout sexuelles, des thories aussi superficielles sur la socialisation des mles ne peuvent expliquer pourquoi l'crasante majorit des hommes ne sont pas violents.
La violence est mme impute l'hormone masculine, la testostrone. Le paradoxe de cet argument n'chappe pas aux victimes masculines. Alors que les femmes luttent depuis belle lurette pour invalider la prtendue maldiction qui voudrait qu'elles soient la merci de leurs hormones, voil que l'on accuse les hommes d'tre la merci des leurs.
Les hommes victimes cheminent sur un sentier trs troit, entre leur volont d'tre entendus et valids, d'une part, et leur dsir d'tre pro-femmes et solidaires des victimes fminines, tout en remettant en question des ides reues qui refltent des strotypes qui ne les favorisent gure. En luttant contre certains de ces strotypes, ils s'exposent souvent des accusations de misogynie, d'appartenir la raction idologique contre le fminisme, ou encore d'appliquer en sous-main un programme occulte visant miner les gains des femmes. S'il y a la moindre vracit l'une ou l'autre de ces accusations, elles devront tre confrontes par nous tous. Mais si elles ne sont motives que par la crainte qu'une reconnaissance de la victimologie masculine puisse saper les gains des femmes, alors il faudra en discuter sans dtour et surtout sans essayer de minimiser le vcu de ces hommes en s'engageant dans une sorte de comptition qui chercherait tablir lequel des deux groupes aurait t le plus meurtri. Nanmoins, il importe que nous nous rendions tous compte que bien des femmes risquent d'avoir de la difficult prter l'oreille aux drames des victimes masculines avant d'avoir t rassures cet gard.
Il est triste de constater que les hommes victimes et leurs porte-parole risquent gros en s'opposant au statu quo et qu'ils subissent de fortes pressions pour rester tranquilles. N'est-il pas paradoxal que les pressions exerces sur eux ne font que reproduire, un niveau social, les mmes modles de silence, de dni, et de tentative de banalisation qu'ils ont subis aux mains de leurs agresseurs? Si nous ne confrontons pas la ncessit de gurir les blessures de l'tre sexuel, aussi bien des hommes que des femmes, alors nous mettons en pril la recherche de la paix entre les sexes.
Enfin, et c'est peut-tre l la raison la plus importante de rexaminer notre comprhension de la problmatique, force est de constater que hommes et adolescents ne se joignent pas de manire significative aux femmes dans la lutte pour mettre fin la violence. Cela est en partie explicable dans la mesure o les hommes n'ont pas du tout le sentiment que leurs propres drames sont reflts dans les discussions publiques sur la violence et les mauvais traitements. S'il fallait se fier uniquement aux mdias pour faire connatre cet aspect du vcu masculin, fort peu de drames individuels viendraient tre connus, hormis les cas particulirement sensationnels des orphelinats d'obdience religieuse ou de diverses coles provinciales de formation. Il n'est pas rare d'entendre des garons manifester du ressentiment l'gard d'un programme scolaire anti-violence qui attribue sans discernement leur sexe les rles d'exploiteurs, de harceleurs, de violeurs et d'agresseurs sexuels en puissance. En effet, il est difficile pour une personne de se solidariser avec un mouvement social collectif contre la violence lorsqu'elle a le sentiment que les drames de sa propre vie sont banaliss, exclus du propos ou repousss du revers de la main. Un examen mme sommaire de la documentation fait clairement ressortir qu'elle est essentiellement fonde sur des strotypes, et sur des hypothses jamais remises en question quant une prsume colre masculine , agression masculine ou sexualit masculine . Trop souvent, les auteurs prennent pour point de dpart une caricature des pires lments imaginables de la virilit et prsument que cette caricature est valable pour tous les hommes.
Maintenant que les hommes commencent se lancer sur les sentiers dj battus par les femmes, ils font appel tout leur courage pour ajouter leurs propres voix au dbat public et au discours professionnel sur la violence et les mauvais traitements. Si nous souhaitons que les hommes s'engagent dans un vritable dialogue, nous devons tre ouverts l'expression de leurs critiques, de leurs expriences, et de leur souffrance.
Le garon invisible et sa raison d'tre
Le garon invisible est destin aux lecteurs les plus divers. Certains trouveront sans doute inattendues ou surprenantes quelques-unes des questions abordes ou recherches prsentes dans le document, peut-tre mme les jugeront-ils un peu controverses. D'autres ne seront pas du tout tonns et y trouveront plutt une confirmation de leur propre exprience, de ce qu'ils ont eux-mmes observ, ou de ce qu'ils ont toujours su. Quoi qu'il en soit, il importe probablement surtout de considrer le document non pas comme un nonc dfinitif de l'exprience masculine (le combat vient peine de commencer), mais plutt comme un instantan croqu sur le vif de certaines controverses, de quelques-uns des dfis, des insuffisances dans le savoir, et des problmes inexplors relatifs la victimologie masculine. Si le prsent document devait provoquer chez les lecteurs l'envie d'en savoir plus sur ce qui s'est crit sur le sujet, ou devait encourager les milieux des thrapeutes tendre leur savoir sur les victimes et les contrevenants, ou encore servir largir le dbat public sur les mauvais traitements dans le sens de l'inclusion de toutes le s victimes, alors il aura atteint son but.
Les lecteurs ne devraient surtout pas voir dans les pages du garon invisible une quelconque tentative de diluer l'exprience des femmes affectes par la violence et les mauvais traitements. Qu'il n'y ait aucun doute, les femmes et les filles qui souffrent quotidiennement de la violence au Canada sont lgion. Les drames des femmes doivent tre entendus, reus et respects, sans dni ou minimisation. Il faut rsister toute tentative de mettre les victimes masculines et fminines en comptition en termes de ressources ou de crdibilit. Nous ne pouvons plus nous permettre la division qui dmarque les sexes et qui envahit malheureusement les discussions sur la victimologie masculine et fminine. Si l'on veut faire avancer le mouvement contre la violence au Canada, il faut nous diriger vers la rconciliation des sexes et nous tenir l'cart des brutales polmiques qui passent pour une dfense des droits dans bien des dbats publics.
Idalement, les histoires des victimes des deux sexes devraient tre prsentes cte cte afin que nous sachions mieux observer et comprendre quel point leurs vcus sont inextricablement enchevtrs. Une tche de cette ampleur dpasse malheureusement la porte de ce texte. Puisque leurs expriences sont mal comprises, insuffisamment signales, essentiellement non reconnues, et qu'elles semblent exclues de la majorit des propos publics et professionnels, Le garon invisible se concentrera principalement sur les victimes masculines et regroupera en un mme lieu nombre des variantes de leur vcu collectif.
Des tas de questions demeurent sans rponse. Pourquoi la socit canadienne qui se targue d'tre charitable et juste accuse-t-elle un tel retard par rapport d'autres pays dans la dfens e des droits de s victimes masculine s ? Pourquoi l es mdias refusent-ils d'accorder une importance gale aux problmes de ces victimes-l? Pourquoi ngligeons-nous aussi rgulirement les besoins de soutien des hommes victimes? Pourquoi cette attitude de deux poids, deux mesures lorsqu'il s'agit de traitement et de soins aux victimes masculines? Sans doute la rponse la plus simple tout ce qui prcde rside dans le fait que l'essentiel de ce qui constitue la victimologie masculine est invisible nous tous, surtout aux victimes masculines elles-mmes. Le garon invisible se propose d'explorer ces problmes-l ainsi que d'autres questions connexes dans les pages qui suivent.
Chapitre 1
La prvalence: Un drame aux nombreuses facettes
Quelle est l'ampleur du phnomne des mauvais traitements infligs des victimes masculines? Les chiffres suggrent une multitude de scnarios, selon l'orientation de l'tude, le cadre thorique de l'analyse, la dfinition donne aux mauvais traitements et la victimologie, et les sources que l'on consulte. En fonction de ce qui prcde, il y a plusieurs faons bien diffrentes de rpondre la question.
Si l'on se cantonne aux seules catgories communment signales de mauvais traitements physiques, sexuels ou psychologiques, et de carence de soins, on obtient un certain tableau. Mais si l'on ajoute les chtiments corporels, la violence communautaire et en milieu scolaire, et le suicide, la toile se complique nettement. D'autres aspects surgiraient encore si l'on dveloppait la notion de violence dans la famille et si l'on explorait plus en profondeur des descripteurs cliniques couramment utiliss comme enfants ou jeunes difficiles encadrer, conflits parents-enfants, enfants turbulents, familles dysfonctionnelles, adolescents problmes, conduite perturbe, attitude d'opposition et de dfi, ou dficience de l'attention, pour ne nommer que ceux-l. Dans les enqutes de population gnrale, lorsque l'on utilise des expressions comme contact sexuel ou attouchement sexuel au lieu d'agression sexuelle ou abus sexuel, les chiffres de prvalence augmentent considrablement, surtout pour les sujets masculins qui, souvent, ne se rendent pas compte que leur vcu sexuel en fait des victimes de conduite abusive en termes strictement cliniques et juridiques.
On pourrait ajouter d'autres catgories si l'on examinait de plus prs le concept de situation risque . Par exemple, aux . -U., les garons sont plus susceptibles que les filles d'tre diagnostiqus comme souffrant de troubles du comportement et de problmes mentaux, plus susceptibles d'tre admis dans des hpitaux psychiatriques, deux fois plus susceptibles de souffrir d'autisme, huit fois plus susceptibles de faire l'objet d'un diagnostic d'hyperactivit, plus susceptibles d'accoutumance aux drogues et l'alcool, et plus susceptibles de dcrochage scolaire au secondaire (Kimbrell, 1995).
Les choses se compliquent davantage lorsqu'on ajoute les expriences quotidiennes des enfants et des jeunes de sexe masculin placs sous la garde de l'tat, vivant dans une famille d'accueil, dans un foyer de groupe, avec un tuteur lgal ou dans un tablissement de dtention pour jeunes contrevenants. Il ne faut pas non plus oublier les agressions contre les ans de sexe masculin, la victimisation masculine dans les cas de violence entre frres et soeurs, les mauvais traitements entre partenaires de sexe masculin, ainsi que la violence l'gard des handicaps de sexe masculin, qu'il s'agisse d'enfants, d'adolescents ou d'hommes. Sans compter tout ce qui arrive aux jeunes sans abris, aux gamins des rues et aux adolescents de sexe masculin qui ont recours la prostitution pour survivre.
Il devient trs vite apparent que les histoires personnelles de nombreux types de victimes masculines restent raconter. Mme si la ralit des enfants maltraits a beaucoup gagn en crdibilit dans les dbats publics et dans les milieux professionnels, on risque toujours d'oublier qu'il s'agit encore d'un champ d'tude trs neuf. Les dfinitions de la conduite abusive continuent voluer, tout comme celles de s donn es de prvalence, des thories de victimologie et de contravention, et des modles d'valuation et de traitement. Nous sommes encore loin de possder un savoir exhaustif ou global du sujet. Nous n'avons tout simplement pas eu assez de temps pour tester nombre de nos ides de faon empirique, pas plus que nous ne savons encore toutes les questions qui doivent tre poses.
Mme si, rptons-le, la crdibilit des allgations de mauvais traitements a gnralement fait du chemin, nous ne devons jamais oublier qu'il s'agit d'un domaine d'intrt qui est motivement et politiquement charg, et c'est l un point que les victimes et leurs porte-parole seraient mal venus d'oublier. La discussion rationnelle est parfois difficile, la poursuite d'indices est frquemment dis qualifie ou ignor e dans l'intrt de la politique, et de s tas de gens, mme dans les professions, ne croient toujours pas qu'un phnomne comme l'exploitation sexuelle des enfants reprsente vritablement une problmatique sociale rpandue et inquitante. Ainsi, jusqu'au milieu des annes 70, le point de vue dominant en psychiatrie l'gard de l'inceste tait qu'il s'agissait d'un phnomne extraordinairement rare (Freedman, Kaplan et Sadock, 1975).
Pour la victime de sexe masculin, la situation est encore plus prcaire. De nombreux obstacles culturels et autres doivent tre surmonts par les garons (enfants et adolescents), les milieux professionnels et le grand public, ne serait-ce que pour en arriver reconnatre que le vcu qui s'inscrit dans la victimologie masculine rejoint les mauvais traitements. Quant aux garons et aux hommes gais, toute rvlation des svices qui leur seraient infligs les obligerait divulguer leur homosexualit, et par consquent, il est caractristique qu'ils gardent le silence. En fait, c'est trs simple, si l'on ne se met pas la recherche des victimes masculines, elles ne se manifestent pas spontanment. Si nous n'explorons pas la problmatique de la victimologie masculine avec les hommes et les garons, ceux-ci ne nous livreront pas leurs histoires de leur propre chef. Par consquent, et cela est malheureusement trs caractristique, la premire fois qu'un contrevenant masculin, adolescent ou adulte, reoit la moindre aide au niveau de sa propre victimologie, c'est lorsqu'il a retenu l'attention du systme judiciaire pour avoir lui-mme fait des victimes (Sepler, 1990).
Exploitation sexuelle des garons - enfants et adolescents
La quasi totalit de la discussion sur la prvalence de la victimologie masculine au Canada et ailleurs se fonde sur des statistiques officielles, c.--d. chiffres tirs de rapports sur les cas signals un organisme public: hpitaux, police, aide l'enfance. Toutefois, il ressort nettement de toute tude sur les enqutes de population gnrale que la victimologie masculine souffre d'un grave dficit sur le plan des signalements - dficit autrement plus aigu que dans le cas des victimes fminines.
Dans la Ontario Incidence Study of Reported Child Abuse and Neglect [tude ontarienne d'incidence des signalements d'enfance maltraite et en carence de soins], les filles faisaient l'objet de 54 % des enqutes (25016) et les garons, de 46 % (21426) (Trocme, 1994). Les adolescents comptaient pour 14 % des allgations d'abus sexuels imputes aux parents et pour 18 % des allgations imputes d'autres. Cependant, lorsque l'on examine les cas qui concernent des enfants plus jeunes (8-11 ans), on constate que les garons comptent pour 42 % 44 % des allgations.
En 1984, le gouvernement fdral a publi une tude en deux tomes, maintenant trs connue, Infractions sexuelles l'gard des enfants, ou Rapport Badgley. De nombreux aspects de la victimologie masculine dtaills dans cette tude l'chelle nationale n'ont toujours pas t ports l'attention du public ou mme des milieux professionnels. Un coup d'oeil sur certaines des donnes de prvalence que l'on y trouve permet un constat tonnant sur la prvalence des victimes masculines d'abus sexuels.
Si l'on prend comme point de dpart les rsultats de l'tude en matire de prvalence, on constate qu'un homme ou garon sur trois (33 %) et qu'une femme ou fille sur deux (50 %) ont affirm avoir t victimes d'attouchements sexuels non dsirs durant leur vie. De ces incidents, environ 4 sur 5 se sont produits durant l'enfance ou la jeunesse du sujet. Sur une population canadienne que nous placerons 29 millions, divise galement par sexe, ces pourcentages livrent les taux de prvalence suivants:
Table 1
Taux de prevalence de l'exploitation sexuelle des enfants au Canada par sexe
Sexe masculin | Sexe fminin |
Population: 29 000 000 | |
14 500 000 33 % | 14 500 000 50 % |
= | = |
4 785 000 | 7 250 000 |
A partir de ces simples calculs, on peut voir qu'il y a prs de cinq millions de garons ou d'hommes au Canada qui ont t victimes d'une forme quelconque d'attouchements sexuels non dsirs. On peut considrer qu'il s'agit l d'une estimation minimale tant donn que la victimologie masculine souffre d'un dficit des signalements plus aigu que dans le cas des femmes.
Dans la catgorie des agressions sexuelles, quelque 3 victimes sur 4 dans l'tude taient de sexe fminin, dans 1 cas sur 4 il s'agissait donc d'un garon. L'tude Badgley a galement constat que la proportion des victimes masculines d'agressions sexuelles augmente avec l'ge, alors que les signalements diminuent, et dramatiquement, aprs la pubert. Dans l'Enqute nationale sur la sant de la population, 90 % des garons/hommes et 75 % des filles/femmes n'avaient pas signal l'exprience subie. Dans l'ensemble, les victimes fminines taient deux fois plus susceptibles de le faire.
L'tude signalait galement des constats relatifs aux contrevenants fminins qui n'ont absolument pas t ports l'attention du public ou des professionnels, particulirement en matire d'outrages la pudeur (exhibitionnisme, notamment) visant des personnes de sexe masculin, et le recours des juvniles s'adonnant la prostitution. Ces deux types de constats sont ignors dans les discussions sur les taux de prvalence relatifs aux victimes masculines. Parmi les constats de la sous-tude Enqute nationale sur les forces de l'ordre (Badgley, 1984), le rapport rvle que les hommes comptent pour 99,4 % des personnes accuses d'outrage la pudeur, les femmes, pour 0,06 %. Toutefois, dans l'Enqute sur la sant ci-dessus (Badgley, 1984), 77,6 % des victimes des deux sexes ont signal avoir t la cible d'hommes, alors que 22,4 % avaient t la cible de femmes. Dans ce contexte, 33 % des victimes masculines ont indiqu avoir t exposes, contre leur volont, au spectacle d'un sexe fminin. Une victime fminine sur 13 avait t la cible d'un contrevenant fminin, dans un cas sur 20, il s'agissait de l'exhibition d'un sexe fminin. En dpit des taux de signalement d'attentats la pudeur de la part de femmes dans l'Enqute sur la sant, seule une faible proportion des incidents sont signals, et peu de contrevenants fminins finissent par tre poursuivis.
Dans l'Enqute nationale sur la prostitution juvnile, 50 % des 229 jeunes sujets qui s'adonnaient la prostitution dans diverses rgions du Canada, signalaient qu'ils avaient t sexuellement sollicits par une femme adulte, soit 62 % des sujets masculins et 43,4 % des sujets fminins. Dans 75 % de ces incidents, le consommateur tait la femme elle-mme; dans les autres cas, le destinataire tait une connaissance masculine. Vingt-deux pour cent des juvniles de sexe masculin et 20 % des juvniles de sexe fminin avaient t sollicits par des femmes trois fois ou plus. Cependant, dans cette tude et dans d'autres, les clients masculins reprsentent toujours plus de 95 % des consommateurs de services sexuels offerts par des juvniles et des adultes des deux sexes qui s'adonnent la prostitution.
Aux .-U., les enfants victimes d'agressions sexuelles violentes sont plus souvent des garons (Office of Juvenile Justice et Delinquency Prevention, 1995). Les indices suggrent que les garons sont plus susceptibles que les filles d'tre maltraits physiquement et sexuellement la fois (Finkelhor, 1984). Les recherches qui explorent les diffrences dans la gravit des abus sexuels subis par les victimes masculines, en les comparant avec les victimes fminines, suggrent que les garons subissent des agressions plus envahissantes, sont victimes d'une plus grande varit d'actes sexuels, perptrs par un plus grand nombre d'auteurs (Baker et Duncan, 1985; Bentovim, 1987; DeJong, 1982, Dub, 1988; Ellerstein, 1980; Finkelhor et cool., 1990; Gordon, 1990; Kaufman, 1980; Reinhart, 1987). Toutefois, il est probable que ces constats ne tiennent pas compte du fait que c'est la gravit mme de l'agression qui permet un incident impliquant une victime masculine d'tre port l'attention des autorits. Garons et hommes n'ont pas tendance signaler les abus sexuels moins graves, surtout lorsque l'auteur est de sexe fminin.
La Table 2 donne les taux de prvalence des mauvais traitements sexuels pour diffrentes populations masculines. Les chantillons et les taux couvrent une trs grande chelle. Il est intressant de constater les taux levs de mauvais traitements dans les antcdents des contrevenants sexuels masculins.
Table 2
Taux de prvalence des abus sexuels chez les personnes de sexe masculin
Auteurs | chantillon | Prvalence % |
Canada Badgley (1984) |
Enqute de population gnrale | 14 |
Violato & Genuis (1992) | tudiants d'universit (Canada) | 14 |
.-U. Finkelhor, et coll. (1990) |
Enqute nationale (.-U.) | 16 |
Condy et coll. (1987) | Universitaires - hommes (.-U.) | 16 |
Fromoth et Burkhart (1987) | etudiants pr-diplms (.-U.) | 24 |
Stein et coll. (1988) | Enqute communautaire .-U.) | 12,2 |
Urquiza (1988) | tudiants pr-diplms (. -U. ) | 32 |
Cameron et coll. (1986) | Enqute nationale (.-U.) | 16 |
Risin et Koss (1987) | Garons de moins de 14 ans | 7,3 |
Condy et coll. (1987) | Prisonniers - hommes (victimes de femmes seulement) | 46 |
Groth (1979) | Contrevenants sexuels adultes - hommes | 33 |
Petrovich et Templer (1984) | Contrevenants sexuels adultes - hommes (victimes de femmes seulement) | 59 |
Johnson (1988) | Garons (4-13 ans) ayant eu une conduite sexuellement abusive | 49 |
G.-B. Baker & Duncan (1985) |
Enqute nationale (G.-B.) | 8 |
Les taux de prvalence des victimes masculines dans le total de la population des victimes d'abus sexuels figurent la Table 3.
Table 3
Victimes masculines comme pourcentage du total des victimes d'abus sexuels
Auteurs | chantillon | Prvalence % |
DeJong, et coll. (1982) | tude des hpitaux | 17 |
Ellerstein et Canavan (1980) | tude des hpitaux | 11 |
Finkelhor (1984) | Examen de la documentation sur les abus sexuels | 10-33 |
Neilson (1983) | Estimations des programmes de traitement | 25-35 |
Pierce et Pierce (1985) | tude sur les lignes d'urgence pour enfants maltraits | 12 |
Ramsay-Klawsnik (1990a) | Enfants adresss pour leur protection Cas confirms d'abus sexuels |
39 45 |
Rogers et Terry (1984) | tude des hpitaux | 25 |
Grayson (1989) | Interviews de cliniciens | 25-50 |
Conduite sexuelle abusive entre frres et/ou soeurs
L'inceste entre frres et soeurs est un autre domaine dont on commence tout juste discuter et dont l'tude a t entrave du fait que bien des gens omettent de classer de tels incidents sous la rubrique des mauvais traitements. Il est difficile d'obtenir une image complte de la prvalence des abus sexuels entre frres et soeurs du fait que bien des enfants, des adolescents et des adultes jugent qu'il s'agit de curiosit sexuelle ou d'exprimentation. Certaines victimes voient cela comme de l'exploration mutuelle.
En termes strictement juridiques et cliniques, il est parfois difficile d'tiqueter ces actes sexuels comme un comportement dlinquant si l'on ne se donne pas la peine de considrer l'ge des enfants, les diffrences d'ge entre victimes et auteurs, le pouvoir qu'impartit l'ge, le fonctionnement intellectuel, la taille et la force, l'impact sur la victime, ou l'ventuelle position d'autorit de la personne plus ge - frre ou soeur (c.--d. gardien-gardienne). Dans d'autres cas, l'enfant contrevenant agit en raction, en s'en prenant un frre ou une soeur plus jeune ou plus faible pour avoir t lui-mme (elle-mme) maltrait(e). Peu de cas de ce genre figurent dans les statistiques officielles sur la dlinquance ou la prvalence du fait que les contrevenants ont moins de 12 ans.
Pour les victimes masculines d'abus sexuels infligs par un frre ou une soeur, certains avancent des chiffres de 6 % (Pierce et Pierce, 1985a), 13 % (Finkelhor, 1980), et 33% (Thomas et Rogers, 1983). Longo et Groth (1983) ont constat que parmi les victimes de contrevenants juvniles au sein de la famille on trouve: des soeurs, soeurs par remariage, ou soeurs adoptives (20 %); des frres en famille d'accueil (16 %); et des frres biologiques (5 %).
Harclement sexuel
Les femmes ont eu se battre pendant des annes pour que les discussions publiques sur la violence et la victimologie intgrent leurs expriences, proccupations et apprhensions en matire de harclement sexuel. Leurs efforts ont russi nous sensibiliser aux subtilits et l'impact du harclement sur les fillette s, les adolescentes et l es femme s dans bien de s milieux de travail et scolaires. Mme s'il y a encore du chemin faire, le harclement sexuel est maintenant reconnu comme un grave problme pour les femmes. Mais c'est une problmatique qui engendre des victimes masculines aussi. Toutefois, comme pour tout phnomne relatif la victimologie, les hommes sont en butte des strotypes discriminatoires et une attitude de deux poids, deux mesures. Il suffit de soulever la question des victimes masculines du harclement sexuel pour voir les sourcils se froncer et l'incrdulit se peindre sur tous les visages.
Malheureusement, lorsque l'on essaie d'tablir la prvalence du harclement sexuel dont des hommes font les frais, on est encore confront au mme problme du retard du Canada par rapport aux autres pays occidentaux. La Communaut europenne a produit un rapport de 93 pages sur le harclement sexuel intitul The Guide to Implementing the European Code of Practice on the Dignity of Women and Men at Work [Guide d'application du Code europen des pratiques relatives la dignit des femmes et des hommes au travail]. Dans ce document, on mentionne que 19 % des hommes en Allemagne et 21 % des jeunes gens en France ont signal qu'ils ont fait l'objet d'avances sexuelles non sollicites (Globe & Mail, 1993). Que femmes et filles soient plus exposes au harclement sexuel ne justifie nullement le fait qu'il n'existe pratiquement aucune recherche entreprise au Canada pour documenter la prvalence du phnomne lorsqu'il vise les hommes. Quant la question du harclement entre homosexuels masculins, elle n'a mme pas fait surface.
Il y a pourtant une exception: une tude rcemment publie sur le harclement sexuel entre lves du secondaire. Cependant, elle tombe rapidement dans le pige du reportage biais et de l'interprtation. Un dpliant qui fait la promotion de l'tude contient le paragraphe suivant:
Dans une tude rcente effectue dans les coles secondaires de l'Ontario, plus de 80 pour cent des filles ont affirm avoir t harceles sexuellement. Quant aux garons, ils ont dclar que leur harclement tait souvent un compliment ou une taquinerie: peu d'entre eux ont dit qu'ils ne se sentaient pas en scurit ou que le harclement tait une interfrence dans leur quotidien, sauf si l'auteur du harclement tait de sexe masculin. (OSSTF, 1994)
La plupart des gens lisent un tel passage sans y penser deux fois. Ce qu'il y a d'inquitant dans des propos de ce genre, c'est qu'ils renforcent des strotypes biaiss et nocifs au sujet des hommes et qu'ils renforcent l'attitude des deux poids, deux mesures. Et ce n'est pas tout, il y a d'autres problmes.
Tout d'abord, le pourcentage global des jeunes gens qui ont signal avoir t harcels sexuellement n'est pas donn, de sorte qu'il est difficile de comparer quoi que ce soit avec la proportion de 80 % indique dans le cas des jeunes filles.
Deuximement, la question: <.Avez-vous parfois peur d'tre sexuellement harcel(e)s?, quelque 70 % des filles et 30 % des garons ont rpondu Oui. Entre un quart et un tiers des jeunes gens ont donc dit Oui (qu'ils l'ont cette crainte). On ne peut pas dire qu'il s'agit l d'un petit pourcentage. Mais ce qui est sans doute plus important, c'est que cela rend indfendable la position des auteurs qui est de minimiser la gravit du problme pour les garons sous prtexte que la prvalence est plus leve chez les filles.
Troisimement, les auteurs mettent galement des jugements qualitatifs quant l'impact sur les garons, sans reconnatre que ces derniers sont moins susceptibles de signaler les cas de harclement, plus ports minimiser tout impact ngatif, plus disposs rprimer toute expression de crainte, et plus enclins banaliser leur exprience dans la mesure o la socialisation qui leur est propre leur enseigne apprcier et considrer comme positives les ouvertures sexuelles venant de la gent fminine. Il faut se demander si l'on pourrait se permettre de ne pas douter des commentaires des jeunes femmes dans l'tude qui dclareraient avoir peru comme un compliment ou une taquinerie le harclement dont elles ont fait l'objet.
Cette critique ne diminue en rien l'importante contribution du travail ou des efforts incessants de ceux qui essaient de protger les tudiants du harclement. Il ne s'agit pas non plus d'une banalisation du fait que, ordinairement, les filles prouvent davantage la crainte, l'inconfort et les consquences motionnelles du harclement. Le problme est plutt que les auteurs, dans leurs commentaires et interprtation des rsultats, renforcent de malheureux strotypes qui ne font que perptuer le problme du harclement sexuel entre tudiants, surtout lorsque l'une des parties est de sexe masculin.
Du fait que la conscience publique ne fait tout juste que s'veiller au harclement sexuel, il n'est pas du tout inusit de rencontrer des gens qui croient que les garons ne peuvent pas tre harcels sexuellement parce que, en tant que mles, ils ont le pouvoir. Certes, le harclement sexuel est une question de pouvoir, mais une dfinition du pouvoir exprime en termes politiques ou conomiques seulement serait trop troite pour tre applique au quotidien des enfants et des adolescents. Elle serait galement trop restreinte si l'on supposait que seuls les mles ont le pouvoir en vertu de leur sexe. L'attirance physique, l'ge, la popularit, et mme la personnalit peuvent tre des formes de pouvoir social. Par exemple, avec quel srieux un administrateur scolaire ou mme des copains sont-ils susceptibles d'couter un garon boutonneux, maigrichon ou de type rat de bibliothque qui se plaindrait d'avoir t sexuellement provoqu ou taquin par une fille attirante et populaire? Et que dire d'un cas o le garon en question serait plus jeune ou s'il s'agissait d'un tudiant appartenant une minorit visible dont la premire langue n'est pas le franais alors que l'tudiante serait une blanche? Ou encore si l'tudiant venait d'un milieu religieux trs strict o l'on considre le moindre propos ou contact sexuel comme non appropri et agressif? Vu de cet angle-l, le harclement sexuel peut donc tre peru comme une atteinte la dignit humaine fondamentale et une violation des croyances religieuses ou des normes et valeurs culturelles.
Viols et agressions sexuelles contre les hommes en prison
La forme d'agression sexuelle la plus nglige dans notre socit a pour victimes des hommes qui se font violer en prison. Les tudes sur la prvalence des agressions sexuelles ne mentionnent jamais cette forme de violence. En fait, on ne trouve aucune recherche qui documente les agressions sexuelles infliges des hommes adolescents et adultes dans les prisons ou dans des tablissements de garde ferme, bien que l'on estime que cela soit courant. Il est facile d'ignorer le sort de ces hommes cause de leur statut diminu en tant que contrevenants; mme trop facile de manquer totalement de compassion pour eux - jusqu' ce que l'on se mette rflchir au fait que nombre d'entre eux sont eux-mmes des rescaps (anciennes victimes) de diverses formes de mauvais traitements durant l'enfance.
Enfants maltraits physiquement et motivement, et en carence de soins
Les mauvais traitements sexuels infligs aux enfants et aux jeunes ont t une dominante d'une bonne partie des activits de recherche, des prises de position sociales, et de nombre de reportages dans les mdias au cours des dix dernires annes sur les enfants maltraits, en dpit du fait que ce phnomne ne compte que pour environ 14 % des diverses formes de mauvais traitements signals ou prouvs (NCCAN, 1994). Aux .-U., les enfants en carence de soins (ngligs) comptent pour 49 % des cas de mauvais traitements, les enfants maltraits physiquement, pour 23 % et motivement, pour 5 %. La privation de soins mdicaux, elle, compte pour 3 %, les enfants autrement carencs, pour 9 %, et les cas de ngligence pour raisons inconnues constituent le reste. Cela est particulirement significatif lorsque l'on se rend compte que les garons, surtout dans les catgories d'ge plus jeunes, reprsentent habituellement la majorit des victimes de mauvais traitements physiques et motionnels.
Dans l'tude ontarienne d'incidence des signalements d'enfance maltraite et en carence de soins, il a t constat que les garons taient sur-reprsents dans la catgorie des mauvais traitements physiques. Ils comptaient pour 59 % des enqutes dans la catgorie d'ge 0-3 ans, pour 56 % des 4-7 ans, pour 55 % des 8-11 ans, et pour 44 % des 12-15 ans. En ce qui concerne les victimes de mauvais traitements motionnels, les garons comptaient pour 54 % de toutes les enqutes. Les taux d'incidence taient leur plus lev pour les garons de 4-7 ans (69 % ) et leur plus bas pour ceux de 8-11 ans (33 %). Pour ce qui est de la carence de soins, les chiffres taient passablement quivalents, sauf pour les enfants de 8- 11 ans o les garons reprsentaient 55 % des cas. Curieusement, cette tude ne donne pas les taux comparatifs des cas o il y a matire, entre garons et filles, que l'on a trouv tre beaucoup moins levs pour les garons, surtout dans les cas comportant des mauvais traitements sexuels (Powers et Eckenrode, 1988). Rosenthal (1988) a constat que les garons dans toutes les catgories d'ge taient victimes de coups et blessures beaucoup plus graves que les filles, les cas les plus extrmes se manifestant chez les garons de moins de 12 ans.
L'tude ontarienne rapporte que les taux de mauvais traitements physiques taient lgrement plus levs pour les filles de 12-15 ans ( 56 %) et affirme que les filles dans cette catgorie d'ge sont en gnral plus haut risque de mauvais traitements physiques que les garons. Des rsultats analogues ont t signals ailleurs (Johnson et Showers, 1985; Russell et Trainor, 1984; et Walker et d'autres, 1988). Nanmoins, ce que cette interprtation omet de prendre en ligne de compte, c'est que les garons sont moins susceptibles de signaler la conduite abusive, qu'il est moins probable que celle-ci soit porte l'attention des autorits, et que les garons sont plus enclins se dfendre du fait qu'ils sont, en moyenne, plus grands cet ge-l (Gelles, 1978; Russell et Trainor, 1984).
Toutefois, il y a des indices qui suggrent que les mauvais traitements physiques infligs aux adolescents des deux sexes sont sous-signals (Garbarino, Schellenbech, et Sebes, 1986; Powers et Eckenrode, 1988; Farber et Joseph, 1985; Pelcovitz et d'autres, 1984; et Libbey et Bybee, 1979).
Violence entre frres et/ou surs
Tout comme en ce qui a trait aux mauvais traitements sexuels, la violence entre frres et soeurs du mme sexe ou de sexe oppos pose un grave problme du fait aussi qu'elle fait l'objet d'une srieuse carence de signalements (Steinmetz, 1977). Ce type de violence est ignore par les parents et elle est occulte par des expressions comme interactions un peu rudes mais normales, rivalit entre frres et/ou soeurs, ou chicanes. Les garons sont mme parfois encourags se battre pour les endurcir et les prparer la vraie vie.
Presque tous les enfants amricains sont violents l'gard de leurs frres et soeurs (Straus et coll., 1980). Selon cette recherche, 83 % des garons et 74 % des filles ont agress un frre ou une soeur. Cinquante-neuf pour cent des garons et 46 % des filles ont attaqu un frre ou une soeur avec des consquences graves.
Bien qu'il s'agisse de la forme la plus ignore de violence familiale, la violence exerce par un frre ou une soeur a des consquences significatives pour les garons et les jeunes gens. Selon Straus: ce type de violence est plus frquent qu'entre parents et enfants ou mari et femme; les gars dans tous les groupes d'ge sont plus violents l'gard d'un frre ou d'une soeur que ne le sont les filles; et le niveau le plus lev de violence se manifeste lorsqu'un garon n'a que des frres.
Chtiments corporels
La question des chtiments corporels a fait tout juste son apparition dans le propos sur l'enfance maltraite et nous commenons tre tmoins de remises en question de la justesse de certains articles du Code criminel qui sanctionnent le recours aux chtiments corporels comme mesure disciplinaire l'gard des enfants. Ce qui inquite, c'est que les chtiments corporels font partie d'un continuum qui commence par des fesses et se termine par des mauvais traitements physiques et des agressions. Il est parfois trs difficile d'valuer quel stade un parent ou tuteur a franchi la ligne de dmarcation. Quoi qu'il en soit, que le recours la force ait constitu une agression ou que l'intention ait t de nature disciplinaire, les effets sur l'enfant sont nocifs (Yodanis, 1992; Vissing et coll., l991).
Les chtiments corporels sont particulirement inquitants dans le cas des garons. Au Canada, 70 % des victimes d'agressions non sexuelles dans la catgorie des moins de 12 ans sont des garons (Statistique Canada, 1991). Il est vident que les garons sont frapps plus souvent que les filles (Bryan et Freed, 1982; Gilmartin, 1979; Knutson et Selner, 1994; Maccoby et Jacklin, 1974; Newson et Newson, 1989; et Wauchope et Straus, 1992).
Des tudes publies aux .-U. montrent qu'entre 93 % et 95 % des jeunes adultes signalent avoir fait l'objet de chtiments corporels durant l'enfance ou l'adolescence (Bryan et Preed, 1982; Graziano et Namaste, 1990). Les enqutes menes auprs des parents indiquent qu'environ 90 % des adultes ont recours des chtiments corporels comme mesure disciplinaire pour corriger leurs enfants (Wauchope et Straus, 1990; Straus, 1983).
Violence dans le cadre communautaire, scolaire et institutionnel
La violence dans le cadre communautaire et scolaire parmi les enfants et les adolescents est un sujet qui a gagn de la notorit dans les mdias et dans les milieux scolaires. Un article de journal rcent rapportait que des chercheurs l'Universit du New Hampshire qui utilisaient un chantillon alatoire d'enfants de 10 16 ans, ont trouv qu'un garon sur 10 (10 %) aux .-U. avait subi un traumatisme gnital qui n'tait pas une agression sexuelle, soit ordinairement un coup de pied de la part de quelqu'un du mme ge (Globe & Mail, 1995). Le taux analogue pour les filles tait de 2 %. Ces mmes chercheurs ont rapport aussi que 40% des auteurs de traumatismes taient des filles. Les garons porteurs de lunettes ou vivant avec d'autres types de dficiences taient trois fois plus susceptibles de recevoir des coups. Un an aprs avoir reu un coup de pied, un garon sur quatre souffrait encore de dpression lie l'incident.
En 1990, Statistique Canada avait fait une tude des modles de victimologie d'origine criminelle. On y a constat que la catgorie la plus risque tait celle des hommes, jeunes, clibataires, et vivant en milieu urbain.
Dans une tude portant sur un millier d'lves du cours moyen en Ontario, 29 % des garons de 6e anne ont signal avoir t battus dans l'enceinte de l'cole et 22 % auraient t victimes de vol, toujours l'cole, par comparaison avec 19 % et 10 % respectivement pour les filles de 6e anne. Dans cette mme tude, on a constat que, globalement, les garons et les filles taient susceptibles, proportions gales, d'tre victimes ou auteurs d'actes violents (Ryan, Mathews, et Banner, 1993). Dans une tude Calgary portant sur 962 lves du cours moyen et du secondaire, 47, 5 % des garons et 26,6 % des filles ont signal avoir t gifls, avoir reu un coup de poing ou un coup de pied, l'cole, durant l'anne coule (Smith et coll., 1995). Au Canada, la violence exerce l'cole ou au sein de la communaut contre les jeunes gens homosexuels reprsente un autre problme dont on discute rarement.
Aux .-U., 72 % des victimes juvniles d'homicides sont de sexe masculin. Quarante pour cent des victimes juvniles sont tues par des membres de la famille, principalement par l'un des parents. Dans le cas des garons, 53 % des victimes sont tues par leur pre, et dans le cas des filles, un peu plus de la moiti (51 %) par leur mre (OJJDP, 1995). On rapporte galement dans cette tude le fait que les blancs de sexe masculin comptent pour 83 % des suicids de moins de 20 ans, et que pour deux jeunes de 0- 19 ans assassins aux . -U. en 1991, un jeune s'tait suicid.
Suicide
Le Canada a l'un des taux de suicide les plus levs dans le monde occidental. Un peu moins de 2 % de tous les dcs au Canada sont des suicides, et prs de quatre fois plus d'hommes/garons que de femmes/filles se suicident annuellement. Les taux de suicide des jeunes ont apprciablement augment depuis les annes 1950, surtout parmi les jeunes gens de 16 24 ans (Sant Canada, 1994). Les adolescents homosexuels de sexe masculin et les jeunes autochtones sont particulirement risque.
Jeunes de la rue
Dans divers pays en dveloppement, le nombre des enfants de la rue est estim entre 10 et 100 millions, en grande majorit des garons (Organisation mondiale de la sant, 1995). Au Canada, parmi les jeunes de la rue les deux sexes semblent tre galement risque face la violence physique, la plupart des auteurs de cette violence tant quelqu'un que la jeune personne considrait tre un(e) ami(e) ou une connaissance de la rue (Janus et coll., 1995). Dans cette tude, les mauvais traitements physiques taient la raison la plus frquemment avance pour expliquer le dpart de ces jeunes de la maison. La conduite abusive tait le plus souvent le fait d'un parent biologique, et plus particulirement de la mre. Dans d'autres tudes portant sur les jeunes fugueurs, Powers et Eckenrode (1987) ont constat que les garons constituaient42,3 % des victimes de mauvais traitements physiques (filles, 57,7 %), 37,9 % des victimes de mauvais traitements motionnels (filles, 62,1 %), et 47,7 % des victimes de carence de soins (filles, 52,3 %). McCormack et d'autres (1986) ont dcouvert que 73 % des fugueuses et 38 % des fugueurs avaient t physiquement maltraits.
Prostitution
Les abus sexuels figurent souvent dans la victimologie des adolescents et adolescentes qui s'adonnent la prostitution (Mathews, 1989). Trente pour cent des filles et 27,4 % des garons qui se prostituent ont signal une exprience sexuelle incestueuse. Ds l'ge de 13 ans, 62,8 % des filles et 77 % des gars indiquaient avoir eu des expriences sexuelles, par comparaison avec des chantillons de la population gnrale de 1,7 % et de 5,4 % respectivement (Badgley, 1984). Bien entendu, ces chiffres ne refltent pas la ralit existentielle qui est que 100 % des garons et des filles de moins de 16 ans qui louent leurs corps des adultes sont, de fait, sexuellement exploits par leurs clients.
Jeunes souffrant de handicaps
Soixante-et-un pour cent des enfants et des adolescents qui ont des problmes de dveloppement - dsordres gnraliss du dveloppement et arriration mentale, notamment - sont soumis des mesures disciplinaires corporelles trs dures (Ammerman, 1994). Graham (1993) a constat que les garons et les filles handicaps sont tout autant risque en matire d'exploitation sexuelle. Les adultes handicaps des deux sexes en institution sont eux aussi physiquement maltraits en trs grands nombres (Roeher Institute, 1995; Sobsey et Varnhagen, 1988).
Raction des professions aux victimes masculines un des dterminants de la prvalence
L'une des difficults pour essayer de comprendre le vritable taux de prvalence de la victimologie masculine concerne la faon dont le tableau actuel de la situation a t influenc par des facteurs relatifs la pratique professionnelle. Ici, nous devons jeter un coup d'oeil sur la question des faibles taux de corroboration (justification des allgations) des diverses formes de mauvais traitements, particulirement dans le cas des enfants plus jeunes. Les taux de corroboration sont toujours plus levs parmi les adolescents; il est nettement plus facile de les interviewer et ils sont plus aptes expliquer aux enquteurs ce qui leur est arriv.
Cette problmatique est encore plus aigu dans le cas des victimes masculines. Lorsque la victime est un garon, on a tendance ne pas se rendre compte qu'il a tout autant besoin de soins et de soutien qu'une fille (Watkins et Bentovim, 1992). On est galement plus port les blmer pour ce qui leur est arriv (Burgess, 1985; Broussard et coll., 1988; Whatley et Riggio, 1993) et leurs agresseurs ne sont pas tenus pour responsables au mme degr (Burgess, 1985). Dans l'une des tudes les plus troublantes, Pierce et Pierce (1985) ont constat que les victimes masculines, bien qu'ayant t assujetties des types de mauvais traitement plus envahissants et soumis davantage de types d'actes sexuels que les victimes fminines, avaient 5 fois moins de chances d'tre retires de leur foyer.
Images de violence contre les garons et les jeunes gens dans les mdias
Si l'on porte le regard au-del des formes plus conventionnelles de recherche et d'autres types d'information sur la violence et les mauvais traitements, il n'est pas difficile de trouver des images dans les mdias qui semblent encourager l'agression contre les garons et les hommes. Il y a dj belle lurette que les femmes ont somm les mdias de se montrer responsables et de s'abstenir d'exploiter dans la publicit et dans les missions de divertissement des images de femmes qui seraient nocives, sexistes et dshumanisantes. A leur tour, les hommes commencent maintenant exprimer leurs propres proccupations.
La violence contre les hommes et les garons est tellement banalise dans notre socit qu'elle est devenue pour ainsi dire invisible aux yeux de la plupart des gens, tout comme les images qui renforcent les strotypes nocifs concernant les hommes et la virilit. Par exemple, on attend des hommes qu'ils soient physiquement forts et capables, de vrais durs de durs, et ainsi on ridiculise dans les bandes dessines, dessins anims et films comiques le garon ou l'homme petit de taille, maigrichon ou trop sensible. Hlas, des tas de jeunes gens qui essaient de s'imposer les impossibles normes que dictent les culturistes et autres haltrophiles sont en train de se tuer lentement par l'usage de strodes.
Notre insensibilit aux victimes masculines est flagrante dans les images que vhiculent les mdias, la publicit, les films comiques au cinma ou les comdies de situation la tlvision, et mme les bandes dessines dans les journaux au Canada (Mathews, 1994). Il suffit de regarder America's Funniest Home Videos pendant quelques semaines pour observer les invitables images qui se veulent amusantes d'un jeune homme qui se fait mal aux testicules en faisant du sport, dans une rencontre avec un animal agit ou un enfant particulirement nergique, ou cause d'un quelconque autre accident. Une publicit pour une compagnie amricaine de restauration rapide montre l'un des personnages de la comdie de situation Seinfeld recevant une rondelle de hockey dans les testicules.
Des bandes dessines forte distribution - Fox Trot, For Better or Worse et Nancy mettent en situation des filles qui s'attaquent des garons de leur classe, ou des soeurs adolescentes qui s'en prennent leur frre: un coup de poing par ci, un coup de trique par l, ou encore en lui brisant ses lunettes. D'autres bandes dessines comme Beetle Bailey et Andy Capp montrent rgulirement des violences infliges des hommes d'ge mr.
Dernirement, un film pour enfants, Tom et Huck, nous montrait un garon qui se faisait donner un coup de poing sur le visage par le personnage fminin, Becky, alors que la mme scne dans la version originale du film et dans le livre dont est tire l'histoire ne comportait pas de violence. Un autre film rcent, les Beverly Hillbillies, nous montre une jeune femme (Elly-Mae) en train de lutter avec un camarade de classe et de lui donner des coups de pied dans les testicules. Les viols dans les prisons, les blessures aux testicules, l'exploitation sexuelle des garons par des femmes sous prtexte d'initiation, ainsi que d'autres comportements que l'on identifie facilement comme agression physique ou sexuelle lorsque des filles/femmes en sont les victimes, sont si rgulirement exploits sur le registre de l'humour qu'ils sont devenus une sorte de norme dans les films de divertissement populaire et comdies de situation (Mathews, 1994).
Chapitre 2
Agresseurs des garons et des hommes
Conduite sexuelle abusive
La plupart des donnes qui ont dtermin notre perception de la conduite sexuelle abusive nous viennent de rapports sur des tudes de cas, de statistiques officielles sur la criminalit de constats de police et de registres d'organismes d'aide l'enfance. Lorsque l'on examine les tudes de cas, il est vident que la majorit des agresseurs sexuels qui s'en prennent la fois aux filles, aux garons, aux femmes et aux adolescentes sont des contrevenants masculins htrosexuels (DeJong et coll., 1982; Ellerstein et Canavan, 1980; Faller, 1987; Parber et coll., 1984; Reinhart, 1987; Showers et coll., 1983; Spencer et Dunklee, 1986). Ramsay-Klawsnik (199Oa) a constat que les garons sont victimiss par des hommes adultes dans 33 % des cas et par des adolescents dans 12 % des cas. Le contrevenant est le pre biologique dans 20 % des cas selon Pierce et Pierce (1985), 7 % selon Ellerstein et Canavan (1980), 29 % selon Paller (1989), 14 % selon Spencer et Dunklee (1986), et 48 % selon Priedrich et d'autres. (1988). Le contrevenant est le conjoint de la mre dans 28 % des cas selon Pierce et Pierce (1985). Bien qu'il n'existe pas d'tudes sur les agressions sexuelles de mme sexe ou les viols de rendez-vous parmi les adolescents homosexuels masculins, on dispose d'indices tirs d'une tude sur les hommes gais adultes qui suggrent que les agresseurs dans cette catgorie pourraient bien tre en majorit d'autres hommes gais ou bisexuels (Mezey et King, 1989; Waterman, Dawson et Bologna, 1989).
Contrevenants adolescents
Les abus infligs des victimes masculines par des adolescents sont bien documents dans les textes. Rogers et Terry (1984) ont constat que 56 % des victimes masculines ont t la cible de contrevenants adolescents, compar 28 % des filles et des femmes. Longo et Groth (1983) ont constat que 19 % des auteurs d'inceste frre-soeur taient de sexe fminin. D'autres ont galement document les taux levs des abus infligs par des adolescents des victimes masculines (Ellerstein et Canavan, 1980; Showers et coll., 1983; Spencer et Dunklee, 1986). Longo et Groth (1983) ont constat que les auteurs adolescents (81 %) etadolescentes (19 %) dedlitssexuelsont jetleurdvolusurunfrre (16 % et 5 % respectivement). Dans la plupart des cas d'inceste frre-soeur, la victime tait plus jeune que le contrevenant (Pierce et Pierce, 1987). Il s'agit habituellement de personnes qui ont une faible estime de soi, un profond sentiment d'inadquation et d'isolement, et on a affaire des solitaires sans maturit qui prfrent la compagnie d'enfants plus jeunes (Groth et Laredo, 1981; Shoor et coll., 1966).
trangers; connaissances
Les garons semblent plus susceptibles que les filles d'tre victimes d'exploiteurs multiples (Paller, 1989; Pinkelhor, 1984; Rogers et Terry, 1984). Certaines recherches signalent qu'un garon est plus susceptible d'tre la victime d'un tranger (Pinkelhor, 1979; Rogers et Terry, 1984). Paller (1989) indique qu'enseignants, employ(e)s de garderie, chefs scouts et membres du personnel de camps d't sont responsables de 24 % des abus infligs aux garons. Risin et Koss (1987) signalent que les contrevenants sont des membres de la famille dans 22 % des cas; des trangers 15 %; gardien(ne)s d'enfants 23 %; voisins, enseignants ou amis de la famille 25 %, amis d'un frre ou d'une soeur 9 %; et des pairs de la victime dans moins de 6 % des cas seulement. Cependant, il ressort dans l'ensemble que les garons, comme les filles, sont plus susceptibles d'tre victimes d'une connaissance (Paller, 1989; Parber et coll., 1984; Promuth et Burkhart, 1987,1989; Risin et Koss, 1987; Rogers et Terry, 1984; Showers et colli., 1983; Spencer et Dunklee, 1986).
Les rsultats des recherches sur les abus infligs des garons au sein de la famille varient, avec des taux qui vont de 20 % prs de 90 % (Pierce et Pierce, 1985; Pinkelhor et al., l990). Selon d'autres rapports, la majorit des abus sexuels vcus par des garons sont extra-familiaux (Farber et coll., 1984; Risin et Koss, 1987; Showers et coll., 1983). Mais ordinairement, il semblerait bien que les garons sont plus susceptibles que les filles d'tre exploits-agresss en dehors de la famille et par des personnes sans lien de parent avec eux.
Contrevenants fminins
Jusqu' il y a peine 10 ans, on croyait communment qu'une femme ou fille ne pouvait mme pas s'en prendre sexuellement un enfant ou un jeune. Mme certains professionnels actifs sur le terrain estimaient que les femmes ne reprsentaient que 1 % 3 % des contrevenants tout au plus. Cependant, les rsultats de recherches qui s'accumulent sur les contrevenants sexuels fminins (adolescentes et adultes) commencent remettre en question nos croyances sur le sujet; en revanche, la perspective ancienne et prime reste encore extrmement rpandue chez la majorit des gens.
Mais le pourcentage des femmes et adolescentes que l'on retrouve parmi les contrevenants dans les rapports sur les tudes de cas est plutt restreint: 3 % 10 % (Kendall-Tackett et Simon, 1987; McCarty, 1986; Schultz et Jones, 1983;
Wasserman et Kappel, 1985). Pour les victimes masculines, le contrevenant est fminin dans 1 % 24 % des cas; pour les victimes fminines, dans 6 % 17 % des cas (American Humane Association, 1981; Finkelhor et Russell, 1984; et Finkelhor et coll., 1990). Dans l'tude ontarienne d 'incidence des signalements d'enfance maltraite et en carence de soins, 10 % des enqutes pour conduite sexuelle abusive impliquaient un contrevenant fminin (Trocme, 1994). En revanche, dans six tudes revues par Russell et Finkelhor, ce chiffre passe 25 %. Ramsay-Klawsnik ( 1990) a constat que des femmes adultes taient responsables d'abus infligs une victime masculine dans 37 % des cas, et qu'il s'agissait d'adolescentes dans 19 % des cas. Ces deux pourcentages sont plus levs que ceux que l'on signale dans la mme tude pour les contrevenants masculins, adultes ou adolescents.
Dynamique de la conduite sexuelle abusive des femmes
Une recherche a rapport que les contrevenants fminins, compars aux hommes, commettent des abus sexuels moins nombreux et des actes moins envahissants. Alors que les agresseurs masculins sont plus susceptibles de sodomiser leurs victimes et de leur imposer un contact oral-gnital, les contrevenants fminins sont plus ports avoir recours des objets durant l'acte (Kaufman et coll., 1995). Cette tude a galement signal que l'on ne trouvait pas de diffrences de frquence en termes de pntration vaginale, attouchements par la victime ou l'agresseur, frottements gnitaux sans pntration, ou contacts avec la bouche de la part de l'agresseur.
Les femmes seraient plus portes la coercition verbale que physique. Les types d'abus les plus communment signals dans le cas des contrevenants fminins comportent: pntration vaginale, sexe oral, attouchements, et actes sexuels de groupe (Faller, 1987; Hunter et coll., 1993). Toutefois, les femmes s'adonnent galement la masturbation mutuelle et des actes sexuels de type oral, anal et gnital; elles montrent des enfants des images pornographiques et elles jouent des jeux sexuels (Johnson, 1989; Knopp et Lackey, 1987). La recherche suggre que, dans l'ensemble, les contrevenants fminins et masculins commettent essentiellement les mmes actes et suivent en majorit les mmes modles de conduite abusive l'encontre de leurs victimes. En outre, ils n'ont pas tendance tre bien diffrents en termes de leur relation avec la victime (la plupart tant apparents) ou du lieu o se droule l'acte (Allen, 1991; Kaufman et coll., 1995).
Il est intressant de noter dans l'tude de Kaufman et coll. (1995) que 8 % de ces femmes taient des enseignantes et 23 % des gardiennes d'enfants; les contrevenants masculins assumant ce type de fonctions dans 0 % et 8 % des cas respectivement. Finkelhor et coll. ( 1988) signalent aussi des taux nettement plus levs d'exploitation sexuelle d'enfants par des femmes dans un cadre de garderie ou de garde d'enfants. Ce constat ne devrait pas surprendre puisque la majorit des employs de garderie sont des femmes.
La recherche sur les contrevenants sexuels fminins a permis de constater que nombre de ces adolescentes ou adultes ont une faible estime de soi, un comportement anti-social, des aptitudes sociales inadquates, de la difficult se contrler, elles craignent le rejet, et elles souffrent de passivit, de promiscuit, de problmes de sant mentale, d'un dsordre conscutif un stress post-traumatique et de trs brusques sautes d'humeur (Hunter et coll., 1993; Mathews, Matthews et Speltz, 1989). Nanmoins, comme dans le cas des contrevenants masculins, la recherche ne permet pas d'tablir que ce soient des femmes psychotiques ou fortement perturbes qui prdominent dans cette catgorie (Faller, 1987).
Il y a toutefois des indices qui suggrent que les femmes seraient plus portes agir de concert avec un autre contrevenant, ordinairement un homme, bien que les tudes affichent sur ce point un cart de l'ordre de 25 % 77 % (Faller, 1987; Kaufman et coll., 1995; McCarty, 1986). Cependant, Mayer (1992), dans un examen des donnes sur 17 adolescentes ayant commis des dlits sexuels, a constat que deux d'entre elles seulement avaient agi de concert avec un homme. Elle a galement observ que les jeunes femmes dans cette tude connaissaient leurs victimes et qu'aucune d'entre elles n'avait eu souffrir des consquences judiciaires de ses actes.
Les tudes sur les auto-signalements offrent un tableau trs diffrent des dlits sexuels et gonflent considrablement le nombre des contrevenants fminins. Dans une tude rtrospective des victimes masculines, 60 % rapportent avoir t exploites par une femme (Johnson et Shrier, 1987). On retrouve le mme taux dans un chantillon d'tudiants universitaires (Fritz et coll.,1981). Dans d'autres tudes sur des universitaires masculins, on a not des taux de dlinquance fminine allant jusqu'72 %-82 % (FromuthetBurkhart, 1987, 1989; Seidner et Calhoun, 1984). Bell et coll. (1981) ont constat que 27 % des victimes masculines avaient t cibles par des contrevenants fminins. Dans certaines des tudes de ce type, les contrevenants fminins reprsentent jusqu' 50 % du total (Risin et Koss, 1987). Knopp et Lackey (1987) ont constat que 51 % des victimes des contrevenants fminins taient de sexe masculin. Il est vident que les tudes de signalement de cas livrent des donnes de prvalence trs diffrentes de celles des auto-signalements. Ces carts extraordinaires nous alertent la ncessit de commencer remettre en question toutes nos ides reues concernant les contrevenants et les victimes en matire d'enfance maltraite.
Finalement, dans les antcdents des violeurs, des contrevenants sexuels et des hommes sexuellement agressifs, il y a des taux alarmants d'exploitation sexuelle par des femmes: 59 % (Petrovich et Templer, 1984), 66 % (Groth, 1979) et80 % (Brire et Smiljanich, 1993). Il est impratif d'identifier les contrevenants fminins comme on peut le constater la Table 4 qui prsente les rsultats d'une tude de O'Brien (1989) sur les contrevenants sexuels adolescents des deux sexes. Ceux de sexe masculin qui avaient prcdemment t exploits par une personne de sexe fminin seulement ont presque exclusivement choisi des victimes fminines.
Table 4
Sexe de la victime selon le sexe de l'agresseur du contrevenant
Sexe de l'agresseur du contrevenant | Sexe de la victime Masculin ou masculin et fminin | Fminin seulement |
Masculin seulement | 67,5% | 32,5% |
Fminin seulement | 6,7% | 93,3% |
Berkowitz (1993), dans une tude sur les victimes sexuelles masculines en thrapie de groupe Winnipeg, a obtenu les rsultats suivants:
Table 5
Sexe des exploiteurs de victimes masculines en thrapie de groupe
Sexe des exploiteurs | Nbre | % |
Dlits au sein de la famille (Nbre = 54) Contrevenant masculin |
54 | 100,0 |
Contrevenant fminin | 39 | 72,2 |
Dlits en dehors de la famille (Nbre = 55) Homme adulte |
50 | 90,9 |
Femme adulte | 30 | 54,5 |
Adolescent | 39 | 70,9 |
Adolescente | 24 | 43,6 |
Mauvais traitements et carence de soins
Dans l'tude ontarienne d'incidence, 41 % des enqutes sur l'enfance maltraite portaient sur la conduite brutale, en comparaison de 24 % pour inconduite sexuelle, 30 % pour carence de soins, 10 % pour carence motive ou cruaut mentale, et 2 % pour autres formes de mauvais traitements. Dans 12 % des enqutes, on souponne deux formes ou plus de mauvais traitements. Dans 27 % des cas, il y avait eu corroboration; dans 30 %, des soupons; et dans 42 %, pas de corroboration. Dans 49 % des enqutes, la victime prsume tait un garon, tout comme dans 35 % des cas o il y avait soupon d'inconduite sexuelle (Trocme, 1994). En Ontario, 34 % des enqutes portaient sur des enfants vivant avec les deux parents biologiques, 19 % avec un parent biologique et un parent par remariage, 36 % avec une mre clibataire, et 6 % avec un pre clibataire. L'aide sociale tait la principale source de revenus du mnage dans 38 % des cas. Au moins 17 % des personnes vivaient dans un logement subventionn.
Aux .-U., les chiffres fournis par l'American Association for the Protection of Children (1985) rvlent que la majorit des mauvais traitements physiques et que la plupart des coups et blessures infligs des enfants taient attribuables des femmes. D'autres recherches livrent des indices qui suggrent que les mres reprsentent la majorit des contrevenants en matire d'enfance maltraite et carence de soins (Johnson et Showers, 1985; Rosenthal, 1988). Archambault et coll. (1989) ont constat que les mres sont les principaux contrevenants aussi bien dans le cas des fugueurs que des fugueuses, victimes de mauvais traitements physiques.
Il ressort donc que de nombreux enfants maltraits et en carence de soins se retrouvent dans des familles diriges par une mre clibataire et vivant dans un milieu stress lev. Pousses bout, ces mres frustres s'en prennent leurs enfants. Certaines d'entre elles sont galement victimes de violence conjugale, ont t maltraittes comme enfants, ou subissent un certain nombre de facteurs courants et chroniques de stress. Les mres demeurent la principale source de soins aux enfants et elles passent plus de temps avec eux; il n'est donc pas surprenant qu'elles apparaissent en plus grand nombre dans les statistiques sur l'enfance maltraite et carence.
Bien que plus de femmes que d'hommes soient responsables de mauvais traitements physiques et de carence de soins aux enfants, on dispose de certains indices qui montrent que les hommes infligeraient des coups et blessures plus graves leurs victimes, surtout masculines (Rosenthal, 1988). En outre, les pres sont deux fois plus susceptibles que les mres d'tre responsables lorsqu'il y a mort d'enfant (Jason et Andrek, 1983). Dans d'autres tudes, on n'a pas trouv de diffrence entre les sexes dans les familles deux parents quant la gravit des mauvais traitements ou en termes de mort d'enfant (Gelles, 1989; Greenland, 1987). Cependant, les femmes tant encore la principale source de soins aux enfants, l'impact motif des mauvais traitements infligs par la mre, quelle que soit leur forme, pourrait tre plus grand que celui des agissements d'un pre.
Le fait que les coups donns par le pre ont des consquences physiques plus graves est sans doute attribuable la force plus considrable des hommes en gnral, mais aussi aux effets anti-inhibitifs de l'alcool et, dans une moindre mesure, des drogues, qui entrent massivement en ligne de compte dans les cas d'enfants et de jeunes maltraits par les parents (Cavaiola et Schiff, 1988). Les mauvais traitements d'enfants, dans toutes leurs formes, voient l'intervention d'lments comme l'excs de boisson, l'abus de drogue, les problmes de sant mentale et la violence interparentale en tant que facteurs de risque chez les parents, mais surtout en matire de mauvais traitements physiques et de carence de soins (Trocme, 1995).
Le stade o commencent les mauvais traitements est susceptible d'avoir un certain impact sur leur volution, leur dure et leurs consquences, mme si l'on n'a toujours pas suffisamment de rsultats de recherche pour pouvoir cartographier un cheminement et des squelles prvisibles. En gnral, l'volution des mauvais traitements suivra l'un des trois cheminements suivants: commencent durant l'enfance et se terminent lorsque l'enfant atteint l'adolescence; commencent durant l'enfance et se poursuivent durant l'adolescence; commencent durant l'adolescence (Lourie, 1979). La dure peut s'tendre d'un mois plus de 15 ans. La dure moyenne est d'environ cinq ans (Farber et Joseph, 1985).
Chtiments corporels
Les chtiments corporels infligs par des parents, enseignants, responsables de garde de jour, ou divers professionnels en milieu institutionnel, passent essentiellement inaperus ou ne sont pas considrs comme des mauvais traitements du fait que l'on estime qu'ils font partie des fonctions acceptables de l'adulte dans le rle de parent, de substitut de parent ou de responsable des soins de l'enfant. Cela est en partie attribuable aux normes culturelles rpandues dans la socit nord-amricaine qui sanctionnent le recours la force comme outil disciplinaire pour corriger les enfants et les jeunes, et une vision d'un monde juste en vertu de laquelle les enfants qui se conduisent mal, sont difficiles contrler ou mettent les adultes dans tous leurs tats, mritent bien la fesse.
Mais cela est aussi d au fait que cette forme de mauvais traitements n'est porte l'attention des autorits que lorsqu'elle prend une tournure grave. Comme dans le cas des mauvais traitements entre conjoints, nous avons historiquement considr ces incidents de violence au sein de la famille comme une proccupation domestique ou une question familiale strictement prive, mme si d'importantes tapes ont t franchies pour modifier cette perception au Canada. Nanmoins, nous n'avons pas encore appris que les enfants mritent le mme type de compassion et le mme souci dont on a enfin reconnu la lgitimit dans le cas des pouses.
Presque tous les parents amricains souscrivent aux chtiments corporels et y ont rgulirement recours, aussi bien avec les tout petits qu'avec les moins jeunes et les adolescents, bien que l'usage tende diminuer avec l'ge. Cependant, il semble que les garons soient plus souvent la cible des chtiments corporels que les filles. Plus de fils signalent avoir t frapps par les parents, et plus de parents admettent avoir frapp un fils qu'une fille (Straus, 1994). Dans la mme tude, les fils indiquent qu'ils sont tout aussi susceptibles d'tre frapps par les deux parents, alors que les filles adolescentes sont plus susceptibles d'un tiers d'tre frappes par la mre. Le modle le plus frquent concerne les mres qui frappent des fils adolescents, et le moins frquent est celui des pres qui frappent leurs filles. Les deux tiers des mres qui ont des bambins les frappent trois fois par semaine ou plus. D'autres tudes ont galement constat des taux plus levs pour les mres qui frappent des enfants adolescents (Wauchope et Straus, 1990).
Lorsqu'un/une adolescent(e) est frapp(e), c'est ordinairement les deux parents qui s'y mettent, surtout s'il s'agit d'un garon. Quand un fils est frapp, c'est le pre qui inflige les coups dans 23 % des occurrences, la mre dans 23 %, et les deux parents dans 53 % des cas. Lorsqu'une fille reoit des coups, c'est le pre qui frappe dans 20 % des occurrences, la mre dans 39 %, et les deux parents dans 41 % des cas. Le taux le plus lev des coups ports contre des adolescents se manifeste dans des familles de la classe moyenne (Straus, 1994).
Plusieurs thories rsumes par Straus (1994) avancent des explications pour essayer de savoir pourquoi les garons sont frapps et punis plus souvent que les filles: conduite plus souvent dtestable; encourags tre plus actifs (subtile invitation mal se conduire?); ferait partie de leur prparation un futur rle de pourvoyeur et protecteur; servirait les endurcir. Le sexe du parent qui administre le chtiment corporel est lui aussi susceptible d'influencer nos perceptions. A cause de nos strotypes sur la femme nourricire naturelle, nous sommes moins ports attribuer une intention malicieuse aux mres et autres femmes. On aurait plutt tendance considrer que lorsqu'une femme a recours la force physique ou aux chtiments corporels, c'est qu'elle est pousse bout. On est donc tout aussi port ne pas trop s'attarder (proccupation passagre) sur les cas o une femme aura recours la force physique ou des chtiments corporels l'encontre d'un grand garon ou d'un adolescent dont elle a la charge. Nanmoins, les thories qui expliquent le recours la violence de la mre contre des enfants et des adolescents uniquement en termes de stress omettent de recevoir et d'intgrer les problmatiques spcificit sexuelle, alors qu'elles ont des consquences particulires sur les victimes masculines.
On estime gnralement que le stress parental attribuable la pauvret ou la modestie du statut socio-conomique (SSE) contribue la situation des enfants risque. Toutefois, la recherche n'est pas concluante. L'examen de la documentation sur les chtiments corporels qu'a fait Erlanger n'a rvl aucune corrlation particulire entre le recours aux chtiments corporels et le SSE. D'autres ont conclu des taux plus levs pour les familles revenu moins lev (Bryan et Preed, 1982; Stark et McEvoy, 1970). Une tude a constat que les taux de chtiments corporels sont leur plus lev dans les familles de classe moyenne (Straus, 1994). Cette mme tude a galement rvl qu'alors que moins de parents adolescents de SSE modeste frappent leurs enfants, ceux qui le font les frappent plus souvent.
Croyances personnelles, exprience de vie, imputation de motifs, et apprentissage social semblent tous jouer un rle dans la prvisibilit du recours aux chtiments corporels. Les parents convaincus que frapper un enfant ne constitue pas une agression et que cela sert le corriger; ceux qui imputent la mauvaise conduite de la prmditation ou un dsir de provocation; qui attribuent le comportement des caractristiques personnelles de l'enfant, qu'il leur appartient de rprimer; qui observent un partenaire qui a recours la force ou, au contraire, qui se sentent totalement dmunis, sont les plus susceptibles d'appliquer des chtiments corporels ou d'abuser de leur force (Bugental et coll., 1989; Dibble et Straus, 1990; Dietrich et coll., 1990; Dix et Grusec, 1985; Fry, 1993; Institut pour la prvention de l'enfance maltraite, l 990; et Walters, 1991). Plus les parents croient dans les chtiments corporels, plus ils sont susceptibles d'y avoir recours, et plus la probabilit est grande qu'ils le feront durement (Moore et Straus, 1987).
Chapitre 3
Effets sur les victimes masculines
La majorit des textes sur les effets des svices ont t consacrs aux victimes fminines et ont par consquent tendance reflter une perspective centre sur elles. Pour reprendre les paroles de Fran Sepler, nous assistons une fminisation de la victimologie ( 1990). Mais il ne faut pas croire que ces textes ne peuvent pas s'appliquer aux victimes masculines. Il y a probablement plus d'analogies que de diffrences entre victimes masculines et fminines.
Il est classique, dans les discussions sur la victimologie, que surgissent des questions cherchant tablir lequel des sexes souffre davantage de l'impact des mauvais traitements. Watkins et Bentovim (1992), dans un survol de la documentation sur le sujet, n'ont pas t en mesure d'tablir clairement qui, des victimes masculines ou fminines, souffrait le plus de leur vcu en termes de victimologie. Toutefois, la question elle-mme est vaine tant donn l'norme ventail des caractristiques qui distinguent diffrentes personnes au plan de leur souplesse d'adaptation, leur capacit faire face, leurs ressources personnelles, la disponibilit de supports sociaux, et les diffrences individuelles, pour ne nommer que ces quelques traits.
Un problme qui surgit lorsque l'on essaie d'valuer l'impact des mauvais traitements sur des personnes d'un sexe ou de l'autre concerne le tri faire entre consquences immdiates ou ractions court terme, d'une part, et celles qui sont susceptibles d'tre durables. Un autre problme rside dans la difficult valuer l'impact sur les enfants et les jeunes qui ont connu deux types ou plus de mauvais traitements. Par ailleurs, les personnes, les milieux familiaux, et les contextes culturels et de dveloppement sont trs diffrents l'un de l'autre, tout comme certains autres facteurs - l'tat de sant mentale et physique avant les mauvais traitements, ou encore le fonctionnement intellectuel ou cognitif. D'autres lments compliquent la situation comme le fait que la plupart des recherches rcentes sur les impacts ont t faites sur des victimes et des rescaps de mauvais traitements sexuels. Par consquent, il est difficile d'affirmer quoi que ce soit de porte gnrale sur les impacts, qui puisse s'appliquer toutes les victimes, mme dans des cas de mauvais traitements analogues.
Conduite sexuelle abusive
De nombreux facteurs ont t cits comme lments qui contribuent une situation durable ou dltre: dure et frquence des mauvais traitements, pntration, recours la force, contrevenants qui sont des membres de la famille ou des proches, absence de soutien aprs la divulgation, pressions pour se rtracter, multiples autres problmes dans la famille, et le jeune ge de la victime (Browne et Pinkelhor, 1986; Conte et Schuerman, 1987; Pinkelhor, 1979; Priedrich et d'autres, 1986; Russell et Finkelhor, 1984; Tsai et d'autres, 1979). Dans le cas des victimes masculines, il y a la dimension supplmentaire de ne pas pouvoir divulguer la conduite abusive de crainte d'tre trait de gai, de faiblard, ou de menteur qui peut amplifier les effets des autres facteurs. Mme lorsque la victime masculine choisit la voie de la divulgation, elle dispose de peu de supports et de services, et il n'y a pas beaucoup de professionnels dots des comptences et du savoir voulus pour lui apporter une aide efficace.
On considre gnralement que les victimes masculines sont plus susceptibles que leurs contreparties fminines d'extrioriser leurs sentiments en raction ce qu'ils ont vcu. Il se dveloppe chez ces garons des comportements sociaux problmatiques: contravention aux moeurs sexuelles, agressions, dsordres de conduite, ou dlinquance; et ils semblent plus ports adopter des comportements qui sont au dtriment de leur sant comme fumer, s'adonner la drogue, fuguer, ou avoir des problmes scolaires menant l'expulsion (Bolton, 1989; Priedrich et coll., 1988; Kohan et coll., 1987; Rogers et Terry, 1984).
On estime que les filles, gnralement, ragissent en intriorisant leur raction au niveau de leur tre intime et qu'elles dveloppent davantage de problmes motionnels, souffrent de dsordres somatiques et de sautes d'humeur, adoptent des comportements autodestructeurs, et deviennent vulnrables de nouvelles agressions. Bien que cette perspective ne soit pas dnue de fondement, elle conforte les strotypes des rles sexuels et ne cadre pas avec la recherche actuelle relativement l'impact des mauvais traitements sur les garons. En gnral, les victimes masculines sont tout aussi susceptibles que les autres de connatre la dpression, sauf qu'on ne leur donne pas beaucoup la permission d'en afficher les manifestations. On attend des garons qu'ils soient stoques et qu'ils sachent s'en sortir comme des hommes.
Habituellement, les hommes ne discutent pas de leurs sentiments ni ne se tournent vers de s thrapeutes pour obtenir de l'aide et, par consquent, ils ne sont pas susceptibles de figurer dans les statistiques sur la dpression. tant donn que les garons n'ont pas vraiment la permission de discuter de leurs sentiments, la dpression chez les mles peut prendre des allures de bravade, d'agression, ou de besoin d'agir dans une tentative de surcompensation face des sentiments d'impuissance. Les victimes masculines en dpression sont galement susceptibles de se fondre dans d'autres statistiques: suicides, accoutumances, et accidents mortels inexpliqus au volant. Si les victimes masculines sont effectivement plus portes adopter des comportements d'extriorisation par les actes, ce pourrait tre tout simplement le rsultat du fait que nous ne leur permettons pas d'tre vulnrables ou mme d'avoir t des victimes.
En ralit, les textes documentent une norme foule d'indices de perturbation motionnelle chez les victimes masculines: anxit, faible estime de soi, sentiment de culpabilit et de honte, fortes ractions d'apprhension, dpression, stress post-traumatique, retrait et isolement, rappel d'images, dsordres de la personnalit multiple, anesthsie motionnelle, colre et agressivit, hyper - vigilance , passivit , et un besoin anxieux de faire plaisir aux autres (Adams-Tucker, 1981; Blanchard, 1986; Brire, 1989; Brire et coll., 1988; Burgess et coll., 1981; Conte et Schuerman, 1987; Rogers et Terry, 1984; Sebold, 1987; Summit, 1983; Vander Mey, 1988). Par comparaison avec les hommes qui n'ont pas t maltraits, les anciennes victimes masculines de mauvais traitements sexuels connais sent l'ge adulte une plus forte proportion de problmes psychiatriques - dpression, anxit, dissociation, tendance au suicide et dsordres du sommeil (Brire et coll., 1988).
On a dcouvert dans les antcdents d'un grand nombre d'hommes incarcrs dans les prisons fdrales qu'ils avaient t victimes de conduite sexuelle abusive durant l'enfance (Diamond et Phelps, 1990; Spatz-Widom, 1989; Condy et coll., 1987). Du fait que les garons sont plus susceptibles d'tre agresss physiquement et sexuellement la fois, il se pourrait qu'ils soient plus conditionns amalgamer sexe, violence et agression comme lments insparables. Cela pourrait nous servir d'indice pour expliquer pourquoi les victimes masculines semblent exploiter ou agresser sexuellement autrui plus souvent que ne le font les anciennes victimes fminines, pourquoi leur colre et leur frustration paraissent davantage orientes sur autrui que dans le cas des filles, pourquoi les garons semblent se crer un site externe de contrle plus ferme, et pourquoi ils affichent une sensibilit amoindrie l'impact sur leurs victimes des svices qu'ils leur infligent.
Cependant, l'exploitation sexuelle n'est que l'une des consquences possibles pour les anciennes victimes masculines. La plupart ne deviennent pas des contrevenants sexuels (Becker, 1988; Condy et coll., 1987; Freeman-Longo, 1986; Friedrich et coll., 1987; Friedrich et Luecke, 1988; Groth, 1977; Kohan et coll., 1987; Petrovich et Templer, 1984). Certains deviennent sexualiss: se masturbent plus souvent, sont obsds par des penses sexuelles ou utilisent frquemment un langage sexuel. D'autres dveloppent des ftiches (Friedrich et coll., l 987; Kohan et coll., l 987).
Les victimes masculines connaissent un certain nombre de symptmes physiques analogues ceux des femmes. Les plus courants sont: perturbation du sommeil, dsordres alimentaires, automutilation, pratiques sexuelles dangereuses, cauchemars, agoraphobie, nursie et encoprsie, anxit trs leve et phobies de tous genres (Adams-Tucker, 1981; Burgess et coll., 1981; Dixon et coll., 1978; Hunter, 1990; Langsley et coll., 1968; Spencer et Dunklee, 1986). Les victimes masculines souffrent galement de problmes psychosomatiques normalement associs un mode de vie comportant des niveaux levs de stress durable ou chronique, ils attrapent des maladies transmises sexuellement, se blessent par suite d'attouchements rudes, de pntration ou d'insertion d'objets, ou, dans les cas extrmes, se font tuer. Chez les garons d'ge prscolaire et chez les tout petits, on a observ: absence d'panouissement, masturbation prcoce et compulsive, hyperactivit, comportement sexuel avec les animaux de compagnie, attouchements sexuels sur d'autres enfants avec qui ils reproduisent ce qui leur a t inflig, et rgression au niveau de la parole ou des comptences linguistiques (Hewitt, 1990).
La victimisation sexuelle du jeune mle produit une incapacit s'imposer des limites personnelles, un sentiment de dsespoir, et une propension divers types de comportements insouciants ou autodestructeurs comme l'intimit sexuelle avec des partenaires haut risque. Il n'est donc pas surprenant de dcouvrir que 42 % des sropositifs sont d'anciennes victimes sexuelles (Allers et Benjack, 1991; Allers et coll., 1993).
Johnson et Shrier (1987) ont constat que les garons qui avaient t molests par de s hommes taient plus susceptibles que ceux qui avaient t molests par des femmes de se percevoir comme gais, donc dots d'un statut dvaloris dans la socit nord-amricaine. Mais dans cette mme tude, d'autres garons, qui avaient t la cible d'une femme, affichaient des symptmes nettement plus graves, peut-tre comme consquence d'un renversement des rles sexuels strotyps, levant la femme un rle plus puissant.
Parmi les raisons qui font que la victime sexuelle masculine risque d'tre meurtrie davantage, il y a le fait que sa victimisation remet en question dans son esprit l'intgrit globale de son identit sexuelle et personnelle en tant qu'homme; en effet, elle est plus susceptible de souffrir de confusion sur ce plan (Johnson et Shrier, 1987; Rogers et Terry, 1984; Sebold, 1987). L'anatomie masculine joue sans doute un rle cl dans la formation de cette perception. Du fait que les parties gnitales masculines sont externes, l'excitation en rponse une stimulation directe est plus vidente. Avoir eu une rection, ressenti du plaisir ou connu un orgasme sont des indices d'homosexualit dans l'esprit de la victime masculine. Cela renforce galement la croyance errone du garon qu'il tait responsable d'une manire ou d'une autre de sa victimisation puisqu'il en a tir un plaisir flagrant. Contrairement la croyance populaire, un garon peut avoir une rection et arriver l'orgasme, mme lorsqu'il a peur.
Nombre de victimes masculines connaissent des difficults dans leurs relations intimes par suite de leur exprience. Ces hommes ont peu ou pas du tout d'amis proches, sont ports la promiscuit, ont de la difficult demeurer fidles leurs partenaires, s'attachent rarement des gens et se retrouvent souvent dans des relations court terme, abusives et dysfonctionnelles. Nombreux sont ceux qui ne connais sent que trs peu de relations sexuelle s satisfaisantes au plan de s motions ou physiquement, et parfois ils vitent compltement le sexe. D'autres deviennent sexuellement compulsifs, dveloppent des dysfonctions sexuelles, ou s'adonnent la prostitution (Coombs, 1974; Dimock, 1988; Promuth et Burkhart, 1989; Johnson et Shrier, 1987; Krug, 1989; Lew, 1986; Sarrel et Masters, 1982; Steele et Alexander, 1981; Urquiza, 1993).
Mauvais traitements physiques, chtiments corporels et carence de soins
Il semble y avoir une certaine vrit la notion que la violence engendre la violence. Les enfants qui ont des antcdents de mauvais traitements physiques et de chtiments corporels sont plus agressifs, moins capables de se contrler dans leur conduite, affichent des taux plus levs de criminalit et de violence une fois adultes, et sont plus susceptibles de maltraiter leurs frres ou soeurs ou d'attaquer leurs parents (Bandura et Walters, 1959; Bryan et Freed, 1982; Eron, 1982; Hirschi, 1969; Sears et coll., 1957; Straus et coll., 1980; Welsh, 1978; Widom, 1989). Hommes et femmes qui ont subi des chtiments corporels sont aussi plus susceptibles de maltraiter leurs partenaires ou conjoints (Straus, 1991). Les plus forts indicateurs de criminalit et dlinquance futures sont les suivants: tre frapp une fois par semaine ou plus l'ge de 11 ans; et avoir une mre, cet ge-l, qui croit fermement dans les chtiments corporels (Newson et Newson, 1990).
Il y a des indices qui permettent de croire que les adultes qui ont t frapps en tant qu'adolescents s ont plus susceptibles de connatre la dpression ou d'avoir une fixation sur le suicide que les autres, indpendamment du sexe, du statut socio-conomique, de problmes de boisson, de violence conjugale, ou du fait d'avoir t tmoin ou non durant l'enfance de scnes de violence entre les parents. A vrai dire, plus on a t frapp, plus la dpression en sera l'une des consquences probables (Straus, 1994).
Straus avance quatre consquences ventuelles des chtiments corporels. Sur le plan immdiat, cela mne une escalade - o un enfant qui rsiste oblige le parent appliquer de plus en plus de force, ce qui pourrait causer des blessures graves. Au plan du dveloppement, plus on a recours des chtiments corporels, plus souvent il faudra le faire car l'enfant sera moins susceptible de dvelopper des contrles intrioriss dans son comportement. Au plan macro-culturel, les chtiments corporels crent une socit qui approuve la violence comme forme de punition. Au plan inter-gnrations, cela accrot les risques que l'enfant, devenu adulte, approuve la violence interpersonnelle, se retrouve dans un mariage caractris par la violence, et connaisse la dpression.
Il est difficile d'valuer l'impact de la carence de soins tant donn que ses effets sont susceptibles d'tre insparables de problmes relis un mode d'existence aux caractristiques suivantes, notamment: environnement domiciliaire dangereux ou trs stress; quartier ou localit peu srs; pauvret; comptences parentales inadquates; parents ayant des problmes de sant mentale; criminalit parentale ou abus des substances et accoutumance; et violence interparentale. L, les effets sont susceptibles d'tre analogues pour les victimes masculines et fminines. On peut galement s'attendre des problmes de sant relis une absence d'panouissement sans raisons organiques, des caries dentaires, la malnutrition, l'anmie, et de faibles niveaux de protection immunitaire.
La licence des moeurs sexuelles des mles et ses consquences
Habituellement, hommes et garons ont davantage la permission d'agir comme des tres sexuels dans notre socit. Cela fait des sicles que l'on applique une norme diffrentielle de moralit selon le sexe. Ainsi, il n'existe pas d'expressions positives ou flatteuses pour les femmes correspondant c'est un homme femmes , aprs tout, c'est un garon! et il butine toutes les fleurs . On tient ordinairement pour acquis qu'il est avantageux d'avoir une certaine licence de moeurs sexuelles. Selon la perception qui prvaut, l'homme drive un pouvoir de sa capacit obtenir des faveurs sexuelles ou s'imposer sexuellement, alors que la femme exerce le sien en privant l'autre de telles faveurs.
Malheureusement, la licence des moeurs sexuelles a de srieuses rpercussions sur les victimes masculines. Elle accrot la susceptibilit d'un garon une conduite abusive par la promotion ou l'encouragement de la participation des activits sexuelles. Elle pousse les garons tre cachottiers car ils ont peur de signaler les expriences sexuelles qui tournent mal de crainte d'tre responsables et de s'attirer la rprobation. Cela va mme jusqu' voiler nos perceptions en tant que professionnels (thrapeutes ou autres responsables) et encourager les gens blmer la victime masculine et minimiser l'impact sur celle-ci des agressions sexuelles perptres par un contrevenant masculin, et encore plus lorsqu'il s'agit d'un contrevenant fminin. Cette licence pousse les mles considrer que les faveurs sexuelles d'une femme sont un d. Elle encourage une conduite sexuelle risque et elle cre un certain nombre d'attentes chez les mles: ils sont censs prendre les devants en matire sexuelle et avoir des connaissances et de l'exprience.
Chapitre 4
Implications
Implications pour la recherche
Comme on peut s'y attendre dans tout nouveau champ de recherche, les textes sur la victimologie masculine manquent de cohsion, surtout en matire de mauvais traitements sexuels. Les chantillons ont une porte trs gnrale. Certaines tudes ne donnent mme pas de dfinition de la conduite sexuelle abusive. Certaines ne couvrent que les dlits comportant un contact direct. D'autres ne parlent d'exploitation sexuelle que si la diffrence d'ge entre victime et contrevenant est de cinq ans ou plus. Certaines, enfin, ne placent l'auteur de l'acte dans la catgorie des contrevenants que s'il s'agit d'un adulte ou d'une personne de 16 ans au moins. De la sorte, on ne compterait pas l'exemple d'un garon de 10 ou 1 1 ans qui aurait t la victime sexuelle d'un garon de 15 ans ou encore d'une adolescente. Certaines victimes masculines ont mme t exclues si elles avaient admis avoir souhait ou accept l'acte en question.
Il y a toujours une foule de problmes au plan des dfinitions et des concepts sur ce qui constitue une conduite sexuelle abusive l'encontre des garons et des jeunes gens. Mme lorsque des dfinitions sont clairement nonces dans la loi, nous sommes souvent en proie des difficults pour cerner la notion: lorsqu'il y a pression pour s'engager dans des actes sexuels entre pairs adolescents; que des adolescentes ou des femmes adultes s'exposent sans pudeur devant des garons; que des femmes adultes ont recours aux services d'adolescents qui s'adonnent la prostitution; que des femmes abordent des garons ou des adolescents pour changer des propos lascifs; ou qu'une personne adulte montre du matriel pornographique un garon ou un adolescent. Mme si l'on s'entend sur certaines de ces catgories lorsqu'il est question d'un jeune garon, nos perceptions ont tendance reflter l'attitude des deux poids, deux mesures, ds qu'il s'agit d'un adolescent.
L'imprcision et les partis-pris dans le choix des questions ont une trs forte influence sur les rsultats. Par exemple, des termes comme contact sexuel et exploitation sexuelle ont des sens trs diffrents pour les mles dont le mode de socialisation les amne souhaiter et valoriser toute interaction sexuelle avec la gent fminine. C'est pourquoi les tudes qui amplifient leur dfinition de l'exploitation sexuelle (conduite sexuelle abusive) et demandent aux mles de parler de leurs expriences sexuelles avec des adolescentes plus ges qu'eux ou avec des femmes livrent des taux de prvalence plus levs sur les contrevenants fminins. Les enqutes de type tudes de cas, qui livrent toujours des taux de prvalence plus faibles, sont responsables de la forme actuelle du discours professionnel sur l'exploitation sexuelle des enfants et de l'impression qu'a le public de la victimologie masculine prsent - essentiellement errone et trompeuse.
L'application d'une norme diffrentielle (deux poids, deux mesures) dans l'interprtation des rsultats a galement influenc nos perceptions quant aux impacts sur les victimes masculines. Il n'est pas rare dans les tudes sur les victimes masculines de contrevenants sexuels fminins de trouver des affirmations selon lesquelles les garons ne percevaient pas le contexte sexuel comme de l'exploitation et qu'ils considraient la chose comme une exprience neutre ou positive. Quiconque lirait ces tudes o l'on accepte de telles affirmations sans les remettre en question pourrait tre amen, tort, croire qu'il n'y a effectivement eu aucun impact ngatif ou dltre. Du moment o l'on fait une telle supposition, on oublie que le mode de socialisation des mles les pousse minimiser l'impact de leur propre victimologie, surtout si le contrevenant appartient au beau sexe, et ils cachent souvent leur crainte ou leur inconfort en affichant une attitude machiste.
En acceptant de telles auto-valuations sans sourciller, on renforce des strotypes sur les mles qui ont des consquences imprvues sur les deux sexes et qui perptuent la prvalence d'une norme diffrentielle no cive dans le champ d'tude de l'enfance maltraite. Ces strotypes font galement passer un message qui semble dire que les victimes masculines sont capables d'encaisser et que les femmes ne sont pas des contrevenants, mais plutt des douces sductrices, et ils encouragent certains contrevenants fminins faire du dni en se persuadant qu'elles ne sont que des initiatrices sexuelles pour leurs victimes masculines. Ces auto-valuations renforcent le strotype qui veut que les garons sont sduits alors que les filles sont violes ou sexuellement agresses; elles peuvent avoir un effet pernicieux sur les attitudes, croyances et comportements des policiers, mdecins, employs d'hpitaux, responsables de l'aide l'enfance, ou de toute autre personne qui examine les victimes pour tablir les rpercussions, ou qui enqute sur des incidents impliquant des contrevenants fminins et des victimes masculines; et elles pousseraient les investigateurs ne s'attarder que sur d'ventuelles traces de blessures et ignorer ou minimiser les ractions sur le plan des motions. De telles affirmations laissent entendre que, si notre mode de socialisation avait t le mme pour les garons et les filles, ces dernires auraient elles aussi exprim les mmes types de ractions positives ou neutres. Ce n'est certainement pas le message faire passer qui que ce soit au sujet des enfants ou des jeunes.
Nous avons l'obligation l'gard de nous-mmes et des victimes masculines de poser des questions plus incisives dans nos recherches. Par exemple, si l'on re-situait l'exprience pour ces victimes masculines et qu'on les invitait rexaminer les diffrences de pouvoir entre l'enfant que ces garons ou ces hommes taient et le contrevenant (femmes adultes ou adolescentes), sonder leurs sentiments de confusion ou d'anxit avant, durant ou aprs le contact sexuel, et examiner dans leur vie adulte la qualit ou la quantit de leurs relations infimes et sexuelles, est-ce que ces victimes masculines seraient plus susceptibles de rpondre diffremment? Est-ce que l'on accepterait sans broncher d'une victime fminine l'affirmation que son contact sexuel avec un adolescent ou un homme adulte n'tait pas de l exploitation, ou encore qu'il s'agissait tout simplement d'un aspect de son apprentissage sexuel? Peu probable. Il importe de se demander pourquoi l'on accepte si facilement une telle rponse de la part des hommes.
Cette norme diffrentielle qui opre dans le domaine de l'enfance maltraite a cr une situation trs fcheuse pour les garons et les jeunes gens. Ce n'est que lorsque les consquences des actes des contrevenants fminins sont extrmement graves et flagrantes qu'on les considre responsables d'agression. Donc, les mles doivent tre maltraits de faon plus grave et vidente avant qu'on ne les prenne au srieux en tant que victimes.
Il y a aussi de srieuses lacunes dans la documentation. On a insist de manire extraordinaire sur les mauvais traitements sexuels, ce qui - relativement la prvalence d'autres formes de mauvais traitements - est hors de toutes proportions. Le moment est venu pour nous de consacrer davantage de temps, d'attention et de ressources l'tude des mauvais traitements physiques, y compris les chtiments corporels, la carence de soins, et aux mauvais traitements motionnels des enfants. Les victimes masculines reprsentent la majorit des cas dans ces catgories.
Nous devons galement enquter sur les besoins particuliers des victimes masculines qui appartiennent une minorit visible, culturelle ou d'orientation sexuelle. Les impacts sur la victime masculine (garon ou jeune homme), de concert avec nos ractions ses besoins et ses problmatiques, peuvent tre fortement dtermins par son appartenance l'une ou plusieurs de ces catgories la fois.
Enfin, il serait ncessaire de rtablir une certaine justice dans l'allocation des ressources consacres la recherche et l'ducation publique en matire d'enfance maltraite et de violence interpersonnelle. Le champ est domin par les tudes qui se concentrent uniquement sur les proccupations des femmes. Mme si cela a reprsent un investissement utile et valable de nos ressources, l'accent plac sur la dfense des droits d'un seul sexe est prsent une entrave la prparation d'un tableau plus inclusif et complet sur la violence interpersonnelle au Canada. Jusqu' ce que nous arrivions mieux comprendre les problmatiques de s victimes masculines, nous continuerons accuser beaucoup de retard par rapport aux autres pays occidentaux, et compromettre l'objectif d'une vritable galit des sexes.
Implications en matire d'valuation, de traitement et de dveloppement de programmes
On s'imagine ordinairement que les approches qui servent pour travailler avec les victimes fminines fonctionneront galement avec les mles. Mme si cela n'est pas totalement dnu de fondement, nos modles actuels de victimologie, essentiellement centrs sur la femme, ne sont pas adquats plusieurs gards qui ont leur importance lorsqu'on les applique aux victimes masculines, et ils peuvent en fait tre nuisibles si on les utilise sans rflchir.
Le silence, le dni et la rsistance qui entourent la question de l'enfance maltraite sont particulirement problmatiques dans le cas des mles. tant donn que les connaissances au sujet de la victimologie masculine sont trs limites parmi le grand public, que l'on en parle peu dans les mdias, et que l'on n'y consacre pas beaucoup de recherches, les victimes ont besoin de se faire dire ds le dbut qu'elles ne sont ni le premier ni le seul mle avoir t exploit, maltrait ou agress. En s'assurant que le sujet comprend la prvalence de la victimologie masculine, on fait un pas norme en l'aidant se dbarrasser de son sentiment d'isolement et de mpris de soi, sentiment qui accompagne souvent une perception fort rpandue du style ces choses, a arrive rien qu' moi ou j'ai pas t la hauteur.
Apprendre faire confiance un thrapeute et mme ne pas se mfier de ses propres penses, sentiments et perceptions lorsque l'on a t victime, cela prsente un problme de taille pour tous les rescaps. S'ouvrir un thrapeute est parfois un dfi extraordinaire pour les victimes masculines qui ont en plus surmonter un obstacle en ce qui concerne leur mode de socialisation qui enseigne aux mles tre stoques et silencieux, les empche d'afficher leur vulnrabilit mme s'ils le dsirent, et les encourage ne compter que sur soi. Les comptences et connaissances du thrapeute, et son exprience passe avec des victimes masculines, sont trs importantes pour faciliter l'avnement de la confiance chez les mles et les amener au-del de ces obstacles. tre en mesure d'identifier pour les victimes masculines que nous soignons les oeillres altrant nos perceptions de chacun des deux sexes, et qui finissent par tre la cause ou le facteur d'exacerbation de nombre de leurs problmes, doit les aider rebtir leur confiance en soi et, en dfinitive, nous faire davantage confiance.
Les thrapeutes qui travaillent avec des victimes masculines doivent avoir une connaissance approfondie du dveloppement humain toutes les tapes de la vie. Par exemple, bon nombre de squelles de mauvais traitements subis alors que l'on tait garon ne font surface que plus tard dans la vie. C'est en comprenant comment les mauvais traitements ont pu avoir un effet sur le dveloppement durant l'enfance, et en lucidant leurs squelles potentielles, que les thrapeutes peuvent tre des guides plus efficaces pour la victime masculine et devenir une ressource importante pour ceux qui en ont soin, pour ses partenaires intimes, ou pour toute autre personne qui l'aide dans sa gurison.
Une valuation approfondie et globale s'impose absolument lorsque l'on travaille avec ces victimes. Les garons plus gs, les adolescents et les jeunes hommes adultes se remRead More .. souvent leurs expriences de faon fragmentaire ou comme dans un rve. Cela est en partie attribuable l'ge auquel la conduite abusive a eu lieu, au fait qu'elle tait bien dguise dans le contexte d'interactions en apparence typiques entre enfant et adulte, ou dissimules - car fusionn es - dans les interactions quotidiennes d' un environnement familial sexuellement charg. La permission donne aux mles dans leur processus de socialisation de vivre comme des tres sexuels peut galement semer la confusion dans les souvenirs et dformer l'interprtation de l'exprience . L'exploitation sexuelle laisse souvent les victimes masculines avec une sexualit traumatise qui peut tre intriorise ou interprte comme un mode de fonctionnement sexuel normal pour un mle.
tant donn que la socialisation des mles les forme pour prendre les choses en main, tre responsables, et s'occuper d'eux-mmes, les mauvais traitements physiques et les chtiments corporels peuvent tre interprts comme mrits, et donc intrioriss sous forme d'une image de soi ngative qui renforce une tendance se blmer soi-mme. Elle peut galement renforcer l'intriorisation de la colre qui se manifestera sous forme d'abus de drogue et de boisson, de risques excessifs, de suicide, et de tentatives mal penses de raffirmer un sentiment tordu de la virilit. Toutes ces problmatiques particulires aux rles sexuels doivent tre dmles et nonces pour les victimes masculines.
Un autre aspect qui a une pertinence spciale pour les mles concerne le recours des types d'intervention forte teneur langagire et base d'introspection. Les garons ont tendance accuser du retard par rapport aux filles dans l'acquisition et l'utilisation des comptences linguistiques (Maccoby et Jacklin, 1974). Cela est peut-tre partiellement attribuable des diffrences dans les modes de dveloppement ou de maturation du cerveau entre les deux sexes. La documentation sur les jeunes gens haut risque de comportement violent et agressif, dont beaucoup sont des victimes, contient de trs nombreux textes sur la prdominance des dficits linguistiques et autres difficults d'apprentissage.
Ce retard dans le dveloppement linguistique pourrait servir d'explication supplmentaire au fait que les garons sont moins susceptibles que les filles de passer la divulgation.
Ce dont on discute rarement, toutefois, c'est le fait qu'un retard dans le dveloppement linguistique, ou mme la prsence de dficits linguistiques, pourrait galement avoir des racines dans le diffrentiel du mode de socialisation, dans des facteurs familiaux et environnementaux, ou dans des problmes de mauvais traitements et de carence de soins. En gnral, les mles ne sont pas encourags parler de leurs sentiments ou de leurs rflexions personnelles. Par consquent, peu de garons et d'adolescents ont beaucoup d'exprience dans l' exploration ou l'exploitation de leur tat d'esprit et de leurs motions profondes. Ils sont ordinairement plus orients sur l'action, et donc enclins rejeter un long processus d'exploration intime, et ils prfrent tout simplement prendre les choses au jour le jour. Un recours des types d'interventions exclusivement bases sur l'exploration introspective et forte teneur langagire risque de bousculer le mle dans un processus thrapeutique ou de gurison qui le mettra mal l'aise du fait qu'il n'y est pas prpar ni capable d'y faire face.
La langue de la thrapie est habituellement un langage sur les sentiments, ce qui pose des problmes pour certaines victimes masculines. Ces personnes ont ordinairement beaucoup de difficult exprimer leurs sentiments. Il ne faut pas interprter cela comme une confirmation des strotypes qui veulent que les hommes soient dmunis au plan des sentiments, ou que leurs niveaux d'expressivit motionnelles seraient plus faibles que ceux des femmes. En fait, les hommes ressentent les mmes motions que les femmes, mais ces motions sont simplement moins susceptibles d'tre diffrencies et articules. Par exemple, les sentiments de honte, culpabilit, humiliation, anxit, tristesse, et rage peuvent se retrouver amalgams sous forme de colre. tant donn que la colre est le seul sentiment lgitime qu'ils peuvent exprimer, ils font souvent l'erreur, et nous aussi, de ne pas aller plus loin pour comprendre ce qui se passe lorsque, en tant que victimes, ils expriment leur colre. Certains mles ont peur d'exprimer une colre quelconque cause du tourbillon potentiel de sentiments incontrls et confus qu'ils craignent de dclencher. Certains ont peur d'exprimer cette colre car ils l'associent la violence. Des thrapeutes qui ne seraient pas conscients de ces complexits risquent d'inviter une victime masculine exprimer sa colre au point de se faire peur soi-mme et de finir par abandonner le counselling. Inversement, lorsque l'on suggre un mle qu'il a besoin d'acqurir des techniques pour contrler ou grer sa colre, le message qui risque de passer est qu'il s'agit d'une pathologie qu'il faudra corriger, et que la douleur et la confusion sous-jacentes ne sont pas lgitimes.
C'est pourquoi il est si important de diffrencier entre colre toxique et colre juste dans le cas des victimes masculines. La colre toxique est une raction de rage inadquate, non reue, rprime ou mal oriente qui peut faire du tort la victime et ses relations avec les autres.
La colre juste est potentiellement habilitante une fois qu'elle est comprise comme une raction normale et saine aux restrictions touffantes des rles sexuels du mle, et une rponse adquate au fait d'avoir t exploit, et l'environnement social pip, peu accueillant et qui cherche imposer le silence, que les mles sont obligs de confronter lorsqu'ils essaient de divulguer l'agression.
Certaines victimes masculines deviennent intensment homophobes, leur colre tant provoque par des perceptions de soi et des doutes quant leur virilit ou par la crainte d'tre gai. Il est important d'aider ces jeunes gens comprendre que le fait d'avoir t agress ne provoque pas de changement d'orientation sexuelle chez la victime. Il importe galement d'aider les mles comprendre que cette colre mane d'une menace perue au plan de leurs convictions personnelles au sujet de leur masculinit, et d'un contexte culturel qui renforce les prjugs homophobes. Si notre socit tait bien dispose l'gard des homosexuels, ces sentiments et ces perceptions homophobes seraient moins susceptibles de surgir. Il nous faudra expliquer ces garons et ces jeunes gens que la masculinit est une construction sociale qui est mallable. Nombre d'entre eux souffrent de la tyrannie d'une dfinition trique de ce que signifie tre un homme. Ces garons ont besoin d'aide, de soutien et d'encouragement pour apprendre tre eux-mmes, en dehors des rigides prescriptions sur les rles sexuels.
Dans certains autres cas, la victime masculine n'exprime aucune motion de colre mais a plutt tendance se retirer, s'isoler et entrer en dpression. Beaucoup de mles cachent leurs motions en se lanant intensment dans le travail, le perfectionnisme et la super-performance. Tous ces comportements peuvent opposer une trs vive rsistance tout changement puisqu'ils ont pour effet de dtourner la souffrance et qu'ils sont richement rcompenss en termes d'argent, de prestige ou de statut social.
Bien que la dynamique fondamentale de toute forme de victimisation soit l'abus de pouvoir, de nombreuses victimes masculines ne mentionnent pas s'tre senties impuissantes et ne se voient pas comme des victimes. Mme s'il est important de respecter leurs points de vue, nous ne pouvons pas donner l'impression d'approuver le comportement des contrevenants ni omettre de communiquer les aspects juridiques, moraux et thiques qui entrent en jeu dans la conduite abusive l'encontre de garons ou de jeunes gens par des personnes plus ges. tre plus g, physiquement plus grand, plus attirant, riche, populaire, intelligent, ou en position d'autorit, tout cela reprsente des formes de pouvoir social qui peuvent tre utilises par des contrevenants pour piger, sduire, harceler ou exploiter des victimes, ou leur nuire.
Une boucle de la violence?
Avons-nous l une boucle de la violence qui se perptuerait dans le cas des victimes masculines? Les perspectives varient, et la question rsiste une rponse simple, car il y a sans doute de nombreux facteurs qui interviennent de front pour influencer le comportement subsquent d'une victime.
Beaucoup de gens croient que les mles qui sont victimiss deviennent automatiquement des dlinquants. Certains critiques font valoir que s'il existe effectivement un modle de boucle perptuelle, il y aurait davantage de contrevenants sexuels fminins que masculins, tant donn que plus de femmes que d'hommes sont sexuellement exploites. Cependant, cette position omet de tenir compte de plusieurs facteurs. Premirement, la dlinquance sexuelle fminine est beaucoup plus leve que ne le rvle la recherche fonde sur des tudes de cas. Deuximement, beaucoup plus de garons sont sexuellement exploits que ne le documente la recherche fonde sur des tudes de cas. En fait, garons et filles seraient tout aussi susceptibles d'tre exploits sexuellement, surtout au sein de la famille. On oublie galement le fait que, alors que l'exploitation sexuelle des garons se poursuit durant l'adolescence, les signalements, eux, chutent de faon dramatique aprs la pubert. Troisimement, de nombreuses formes d'exploitation par des contrevenants sexuels fminins sont difficiles dtecter du fait qu'elles sont masques derrire des apparences de comportement nourricier ou qu'elles ne ressemblent pas aux actes perptrs par des hommes. Mathews (1989) documente quelques-uns des agissements moins vidents qui semblent caractriser les contrevenants sexuels fminins: laver de faon compulsive les parties gnitales, prendre des dispositions inopportunes pour le coucher, entrer inopinment la salle de bain pendant que l'enfant y est ou qu'il se dshabille avant le coucher, tenir des propos sexualiss, ou encore taquiner un enfant au sujet de ses organes sexuels et de leur dveloppement. Quatrimement, du fait que notre mode de socialisation ne favorise pas particulirement la sexualisation des filles, les contrevenants fminins seraient plus ports exprimer colre et frustration sous forme de carence (passive) de soins aux enfants, de chtiments corporels ou de brutalit, ou encore de mauvais traitements psychologiques.
D'autres critiques s'inquitent du message que nous transmettons aux victimes masculines par l'intermdiaire de ce modle d'une boucle perptuelle. Bien que certaines victimes masculines, tout comme certaines victimes fminines, s'en prennent ensuite d'autres, la majorit ne le fait pas. Si l'on demande brle-pourpoint une victime masculine si elle commet des actes de cette nature, est-on en train de pousser le jeune sur la voie d'une prsume fatalit incontournable? Est-on en train de crer ou de renforcer des sentiments chez le sujet qui l'emmneraient croire qu'il est foncirement mauvais ou qu'il est marqu une fois pour toutes par ce qui lui est arriv? Les critiques s'inquitent aussi de ce que les victimes masculines exposes la rhtorique politiquement charge - sur les hommes en tant qu'oppresseurs des femmes - puissent en arriver croire que les agissements dlinquants font invitablement partie de leur destin. On risque galement de cultiver chez la victime masculine un affaiblissement de l'estime de soi ou de la valeur individuelle en vhiculant le message que sa victimisation personnelle serait moins dramatique que la victimisation des autres.
D'autres critiques encore avancent des arguments nettement plus curieux. Par exemple, lorsque les contrevenants sont des femmes ou des adolescentes, ils considrent que leurs antcdents de victimes ou leur situation de stress causent le comportement dlinquant, mais n'admettent pas cette mme causalit dans le cas des contrevenants masculins. Ces critiques ne reconnaissent pas que les traumatismes vcus par des mles - rsultant d'une victimisation antrieure, du stress conscutif la perte d'un emploi, des attentes rattaches leur rle de principal pourvoyeur de la famille, ou de problmes de sant mentale ou physique - puissent eux aussi contribuer expliquer pourquoi certains pres se dchanent contre les enfants ou d'autres membres de la famille. Fondamentalement, cette perspective illustre parfaitement la position qui veut que, pour l'essentiel, les femmes sont les victimes et les hommes, les bourreaux.
Nanmoins, abstraction faite des propos qui prcdent, il est vident que de nombreuses personnes exploites, des deux sexes, s'en prennent effectivement d'autres et leur nuisent. Et mme s'il est possible de parler en termes gnraux d'attitudes spcifiques chaque sexe en raction une victimisation antrieure, la violence et l'agression, quelle que soit leur forme, ne reprsentent pas uniquement un problme propre un sexe. On a document dans les textes des modes de transmission inter-gnrations de la violence et de l'agression qui remontent aux grands-parents, se poursuivent avec les parents et sont transmis aux enfants. On a constat des taux levs de victimisation historique dans les antcdents d'hommes et de femmes dans les prisons. Le modle d'une boucle perptuelle, bien qu'il soit loin d'tre complet, reprsente un outil conceptuel utile pour nous aider mieux comprendre toutes les formes de mauvais traitements et leurs consquences personnelles et sociales ainsi que leur effet sur le dveloppement.
Implications en matire de dveloppement du personnel et de supervision des programmes
Il est probable qu'une proportion significative des jeunes contrevenants, surtout ceux qui ont commis des crimes impliquant l'agression physique et sexuelle, est constitue de victimes de mauvais traitements d'une forme ou d'une autre. Si nous avons eu si peu de succs avec nombre de ces jeunes, l'une des raisons ne serait-elle pas prcisment parce que nous n'avons pas su reconnatre la problmatique des mauvais traitements et de la carence de soins qui sous-tend leur comportement antisocial?
La formation spcialise pour les professionnels dans le domaine de la victimologie masculine est terriblement inadquate ou non-existante. Le personnel de premire ligne et les effectifs de supervision dans les organismes qui servent les enfants, les jeunes et la famille vont devoir se tenir au courant de ce qui s'crit sur la victimologie masculine, dont les textes sont maintenant nombreux et ne cessent d'augmenter. Si nous voulons mieux servir les clients masculins et leurs familles, une formation continue du personnel dans ce domaine devra devenir la norme pour pouvoir continuer pratiquer.
tant donn que les garons et les jeunes gens exploits ont souvent de la difficult avec leur conception de soi en tant qu'hommes, tous ceux qui prodiguent les soins devront tre vigilants et viter que leur propre comportement et leurs attentes face aux victimes masculines ne renforcent des notions troites ou strotypes de la masculinit. Les travailleurs masculins, plus particulirement, vont devoir se rendre compte qu'ils contribuent au modle masculin chaque instant qu'ils passent avec un garon ou un adolescent. Et du fait que les garons passent une si grande partie de leurs premires annes formatrices avec leurs mres et leurs enseignantes, les femmes doivent elles aussi tre vigilantes en ce qui concerne la manire dont leur comportement ou leurs commentaires risquent de renforcer ces strotypes triqus.
Les professionnels et autres travailleurs de soutien qui prodiguent des soins aux victimes masculines doivent comprendre clairement les effets saillants de l'homophobie et de leurs propres vues personnelles sur l'homosexualit. Les croyances personnelles de ceux qui prodiguent les soins peuvent avoir, et ont, un trs fort impact sur ceux dont le vcu de mauvais traitements les ont laisss super-attentifs toutes sortes d'indices chez les autres, y compris les expressions du visage et la gestuelle du corps. Nous trahissons tous un peu trop facilement notre malaise l'gard des agressions ou des mauvais traitements sexuels dans les cas o contrevenant et victime sont du mme sexe. Pour le garon ou l'adolescent qui a t victime et dont le concept de soi a souffert ou s'est fragilis, toute indication de notre part qui trahirait un jugement, une rpulsion ou de l'hypocrisie ne fera que crer davantage de souffrance.
Quel que soit notre rle professionnellement, nous devons tous arrter de minimiser l'impact des mauvais traitements sur les victimes masculines ou de prsumer que les mles doivent tre capables d'encaisser. Les symptmes de la conduite abusive sont souvent invisibles dans le cas des garons. En continuant appliquer une norme diffrentielle aux victimes masculines, nous renforons et nous appuyons subtilement la violence l'encontre des garons et des jeunes gens dans nos coles, nos communauts, nos foyers et nos institutions.
mesure que les gouvernements provinciaux procdent des compressions budgtaires, la pression se fait sentir dans les organismes d ' aide l' enfance pour qu'ils rationalisent leurs services. Certains choisissent de discontinuer le service dans les cas de mauvais traitements sexuels d'enfants en dehors de la famille, cdant cette responsabilit la police. L'un des problmes immdiats dans le contexte d'une telle dcision concerne le fait que dans de plus en plus de cas de ce type, il y a des victimes masculines. Si les enquteurs de la police ne possdent pas la formation voulue pour reconnatre la symptomatologie spcifique qui opre dans le cas des mles, ils risquent de ne pas adresser les intresss aux personnes comptentes ou de ne pas tenir compte d'indices importants. Dans les cas intrafamiliaux, les enquteurs de l'aide l'enfance doivent poser des questions plus cibles afin que des subtilits - comme un environnement sexuellement charg ou d'autres facteurs moins flagrants, mais qui ont un impact sur le sain dveloppement du garon - ne leur chappent pas durant les valuations . Les indices de la recherche courante suggrent que l' on est moins susceptible de corroborer les dires des garons; que les victimes masculines risquent davantage d'tre blmes pour leur propre victimisation; et que les exploiteurs sexuels de garons sont moins souvent tenus responsables de leurs actes. Tout cela fait ressortir la ncessit d'une plus grande sensibilisation des policiers, des enquteurs de l'aide l'enfance et des praticiens des soins de sant.
Dans les cas d'exploitation d'un enfant impliquant des contrevenants des deux sexes la fois, on ne doit plus continuer prsumer que c'est le contrevenant masculin qui est seul responsable ou qui est l'origine du dlit. Si l'on omet de tenir le contrevenant fminin pleinement responsable, on fait du tort la victime masculine par le dni de ce qui lui est arriv. En outre, cela infantilise les femmes ou les adolescentes en renforant les strotypes selon lesquels seuls les mles sont capables de conduite abusive.
Enseignants et administrateurs scolaires doivent devenir plus vigilants en ce qui concerne les niveaux de la violence l'encontre des garons et des adolescents dans les coles. Tout programme anti-violence qui escamote la ralit de la violence et de la victimisation des mles, qui minimise le harclement sexuel dont ils font l'objet, ou qui les prsente comme tant les seuls contrevenants possibles, aura pour rsultat une totale dsaffectation des garons et des jeunes gens. Les contenus de programmes doivent prvoir autant de temps pour enseigner aux garons, aussi, comment viter de devenir des victimes. Et il nous faut aussi enseigner aux filles comment viter de devenir des contrevenants, tant donn que les tudiantes signalent que, dans les coles, ce sont d'autres filles qui posent le plus grand risque (Mathews, 199 5 ) . Assurment, tout programme qui ne prsente la problmatique qu' la lumire d'un contrevenant masculin sans consacrer autant d'importance la faon dont les rles et les attentes des deux sexes sont interdpendants et mutuellement limitatifs, ne peut qu'tre biais et alinant pour les lves de sexe masculin. Nous ne devons plus tolrer les textes sur l'enfance maltraite et en carence de soins qui prsentent, avec force dtails, des histoires de victimes fminines, et qui n'abordent l'exprience des mles qu'en passant, ajoutant la sauvette que cela arrive aussi aux garons et aux hommes. La violence et la victimisation vues d'une perspective masculine ne sont pas toujours la mme chose que pour les victimes fminines, et il faut absolument les reconnatre sparment.
Bien des lves violents et agressifs apportent avec eux l'cole d'extraordinaires problmes personnels et familiaux. Chahutage, dficit de l'attention, hyperactivit et difficults d'apprentissage peuvent masquer des problmes sous-jacents de mauvais traitements. Les administrateurs scolaires doivent veiller ce que tous les membres du personnel reoivent une formation rgulire pour reconnatre les indices et les symptmes de mauvais traitements et de carence de soins tels qu'ils se manifestent chez les garons. Dans les cas o ces derniers affichent une conduite de dfi et d'opposition ou de dficit de l'attention ( avec ou sans hyperactivit), on doit maintenant pouvoir trancher quant la possibilit d'une victimisation courante et continue, ou de mauvais traitements dans le pass.
Les activits sportives l'cole prsentent un dfi particulier. De nombreux jeunes risque ont le sentiment que les programmes sportifs communautaires et scolaires leur offrent une bonne soupape de scurit et les aident viter les problmes. Il est effectivement important de reconnatre les effets bnfiques du sport, en termes de forme physique, d'activit en quipe et d'autodiscipline. Mais il est essentiel que les entraneurs ou autres employs de supervision fassent clairement savoir que la violence et les contacts d'une rudesse excessive ne seront pas tolrs sous prtexte de dfoulement. Le personnel des programmes sportifs scolaires doit galement comprendre que de nombreux garons, rescaps de la violence familiale, fuient les classes de gymnastique et vitent compltement les sports. Ils ont peur de se changer dans les vestiaires ou de se dshabiller pour la douche et d'avoir s'exposer.
la recherche d'une grille d'analyse plus inclusive
Il importe de se souvenir que l'enfance maltraite est un champ d'tude relativement neuf et qu'il ne peut ni ne doit demeurer statique. Pour que le domaine maintienne son intgrit et qu'il se dveloppe comme champ d'tude de plus en plus rigoureux au sein des sciences sociales, il doit se tenir ouvert aux nouvelles ides, aux questionnements et aux voix multiples qui viennent dranger le statu quo et les hypothses reues.
L'un des piges dans lesquels nous sommes tombs dans notre tude de la violence et des mauvais traitements concerne notre tendance voir les choses partir d'une perspective essentialiste. La position essentialiste prsume que tous les membres d'un groupe, d'un sexe, d'une classe, d'une culture, etc., sont semblables; que ce qui est caractristique d'un individu est caractristique du groupe tout entier, indpendamment de la manire dont les membres individuels peuvent se percevoir ou interprtent leur propre comportement.
La rflexion essentialiste nous fait utiliser des expressions comme la violence masculine, en dpit du fait que la plupart des mles ne sont pas violents. Si l'on utilisait l'expression la criminalit juvnile au sein des groupes minoritaires, le racisme inhrent d'une telle dclaration sauterait immdiatement aux yeux, tant donn que les jeunes appartenant des minorits seraient ainsi strotyps comme rsultat des actions de quelques-uns. Alors que l'on peut voir le racisme dans les mots qui prcdent, le prjug vhicul dans l'expression violence masculine est invisible. Par consquent, l'utilisation de cette expression dans notre propos nous loigne d'une saisie plus complte de la violence interpersonnelle et des mauvais traitements. Les mles semblent effectivement reprsenter la majorit des contrevenants sexuels, mais les femmes sont les principaux agents responsables de l'enfance maltraite physiquement et en carence de soins. Les mres et les pres semblent tre tout aussi susceptibles d'avoir recours aux chtiments corporels. Les mres et les pres pourraient tre tout aussi susceptibles d'infliger un enfant des svices graves ou mortels. tant donn que les enfants sont plus souvent victimes de carence de soins et de violence physique que d'exploitation ou d'agression sexuelle, nous devrions trs srieusement examiner la manire dont les termes et les concepts que nous utilisons risquent de nous aveugler en occultant une partie importante et nglige du problme des mauvais traitements.
Ce qu'une perspective essentialiste empche de voir, c'est la complexit des problmes sociaux et la dynamique des relations interpersonnelles. La rflexion essentialiste finit par compromettre l'intgrit d'un domaine du fait que sa concentration trique sur les caractristiques de groupe omet de tenir compte des diffrences individuelles et de l'impact des variables situationnelles et autres sur le comportement. C'est le problme auquel nous sommes confronts dans le domaine de l'enfance maltraite.
Les femmes ayant pris les devants dans le domaine des mauvais traitements, une bonne partie des crits sur le sujet refltent un point de vue fminin et une grille d'analyse essentiellement fministe et forte spcificit sexuelle, connue gnralement sous le nom de thorie du patriarcat, caractrise dans l'oeuvre de Herman (1981). Dans le cadre de cette thorie, les mauvais traitements surtout sexuels - sont la rsultante d'une culture patriarcale du pouvoir et des prrogatives du mle, et de l'inclination de celui-ci sexualiser toutes les relations (Hyde, 1990).
premire vue, la thorie du patriarcat s'impose car elle est fonde sur le vcu historique des femmes et sur les ingalits politiques, sociales et conomiques trs relles auxquelles les femmes sont confrontes tous les jours. Elle a galement le potentiel d'apporter un clairage de nombreux aspects du quotidien des femmes, y compris la faon dont les ingalits sociales peuvent se rpercuter sur la sant mentale et motionnelle, et cela est effectivement vrai.
En tant que thorie gnrale issue du vcu des femmes comme groupe, elle a du mrite. Mais elle se fonde aussi sur certaines hypothses concernant les hommes comme groupe qui, lorsqu'on les scrute de plus prs, s'avrent biaises. Les victimes masculines commencent remettre en question une certaine vision de la violence, de la victimisation et des relatons de pouvoir, strictement base sur le sexe, tant donn que leur propre vcu leur dmontre quelque chose de totalement diffrent.
Par exemple, l'un des domaines o cette thorie commence s'essouffler rside dans son analyse des interactions au niveau des classes sociales et des races. En termes conomiques et politiques, une femme riche a plus de pouvoir social qu'un homme pauvre ou sans abri. Une femme de profession - mdecin, juge ou avocate - a plus de pouvoir qu'un homme sans formation, en vertu de ses tudes, son pouvoir d'achat et son influence sociale. Une femme blanche a plus de pouvoir social qu'un homme appartenant une minorit visible. La thorie omet galement de tenir compte du pouvoir que les femmes exercent sur les enfants de sexe masculin, d'abord titre d'adultes et aussi comme mres, enseignantes, gardiennes, ou employes de garderie.
Et il y a galement d'autres problmes. La thorie du patriarcat, et cela est vident dans la citation de Hyde, porte prjudice tous les hommes dans la manire dont elle gnralise le strotype ngatif de la sexualit masculine. La plupart des hommes sont en fait bons, corrects et sympathiques dans leurs relations avec les femmes comme maris, amants, partenaires, collgues, pres et amis. La sexualit des hommes varie d'une personne l'autre autant que chez les femmes.
Il ressort clairement des recherches auxquelles on se rfre dans ce rapport que la violence interpersonnelle est un phnomne complexe qui ne peut tre rduit une thorie unique. Les modles qui se basent exclusivement sur le mode patriarcal de relations entre les sexes, mme lorsqu'ils sont utiles, ne suffisent pas expliquer les nombreuses facettes du drame de la violence et des mauvais traitements. Ils ne russissent pas non plus rapprocher les hommes et les femmes dans l'objectif commun de mettre fin la violence.
En outre, lorsqu'il est strictement appliqu, un modle trs spcifique un sexe ne russit pas expliquer pleinement l'existence de contrevenants sexuels fminins, et notamment l' exploitation de garons par leurs mres, ou par d'autres femmes adultes ou adolescentes, ni la sduction de jeunes gens mineurs par des adolescentes plus ges et par des femmes, pas plus que l'inceste mre-fille, ou l'exploitation sexuelle d'enfants par des enseignantes, des employes de garderie, des responsables fminines dans les institutions, et par d'autres femmes en position de pouvoir et d'autorit (Mathews, 1995). La thorie est galement htrosexiste et elle n'explique pas l'exploitation et les abus sexuels ni les mauvais traitements physiques dans les relations entre lesbiennes (Renzetti, 1992) ou entre hommes gais. Elle ne russit pas non plus rendre pleinement compte de la responsabilit de s femme s dans les chtiments corporels, la carence de soins et les mauvais traitements motifs infligs aux enfants. Mais sa plus grande faiblesse rside dans le fait qu'elle n'est pas exhaustive. Son plus grand atout est qu'elle identifie une dynamique du pouvoir qui a de vastes applications tous les types de relations sociales.
Il y a un certain nombre de considrations que l'on pourrait appliquer une grille d'analyse plus ample pour expliquer les mauvais traitements. La plupart d'entre elles cadreraient dans les catgories du comportemental, du relationnel, et du pouvoir. Crowder (1993) offre un point de dpart utile, surtout dans le domaine de la conduite sexuelle abusive. Elle dfinit les mauvais traitements sexuels comme tant une conduite sexuelle explicite ou implicite entre deux personnes quand existent les conditions suivantes: la nature de l'acte sexuel n'est pas approprie sur le plan du dveloppement dans le cas d'au moins l'un des participants; l'quilibre du pouvoir et de l'autorit (psychologique, conomique, rle, statut, etc.) entre les deux personnes n'est pas galitaire; et il existe dj entre les deux personnes un autre type de lien motif tabli (par exemple, entre un enfant et un gardien ou une gardienne, ou entre un enfant et une personne en position d'autorit) .
Un modle de la conduite abusive qui s'articule sur des dsquilibres de pouvoir ou sur l 'exploitation illicite d'un pouvoir reprsente un b on point de dpart dans notre recherche d'une grille d'analyse plus globale du fait qu'il nous encourage: tenir sur un mme pied de responsabilit les exploiteurs masculins et fminins; habiliter les victimes prendre le contrle de leur dmarche de gurison et de leur vie; reconnatre et valider le vcu de la victime; raffirmer que la connaissance que la victime a d'elle-mme est suprme; mettre en lien la lutte individuelle de la victime et le combat collectif pour transformer les relations de pouvoir dans notre socit; et nous concentrer sur la dynamique du pouvoir dans la relation thrapeutique (Mathews, 1995).
On commence se rendre compte que diffrents types de conduite abusive requirent diffrents modles explicatifs et thoriques, pris sparment ou conjugus. Par exemple, une thorie fministe des relations sexuelles de type patriarcal peut partiellement expliquer l'inceste pre-fille, l'exploitation sexuelle d'une fille par le conjoint de sa mre, et le recours d'un pre des chtiments corporels. Un modle ax sur les relations de pouvoir peut expliquer plus pleinement le recours des femmes la violence physique contre des garons et des adolescents, l'exploitation sexuelle de garons et d'adolescents par de s femmes, le recours maternel aux chtiments corporels, ou la violence entre frres et/ou soeurs.
Un cadre thorique plus inclusif est ncessaire non seulement pour comprendre l' tiologie afin de crer de meilleurs programmes d'valuation et de traitement, mais aussi pour liminer la norme diffrentielle que l'on a tendance appliquer aux cas o la victime de la conduite abusive est masculine. Un modle d'abus de sexualits variante de la perspective de l'abus de pouvoir s'appliquerait aux deux sexes et nous donnerait un cadre conceptuel plus inclusif utiliser, par exemple, dans des cas d'outrage la pudeur commis par une femme l'encontre d'un mle, et d'exploitation sexuelle de garons et d'adolescents par des femmes plus ges (Bolton, 1989). Bolton, refltant en cela l'opinion de Finkelhor (1986), Russell (1983), et Brandt et Tisza (1977), prne l'application de niveaux multiples de conceptualisation de la conduite abusive afin de saisir des lments comme l'environnement sexuellement charg dans une famille, l'exploitation sexuelle d'un enfant, ou toute exprience abusive qui interfre avec le sain dveloppement d'un enfant. Le modle d'abus de sexualit de Bolton dcrit un continuum d'environnements qui s'tale de la promotion d'un dveloppement sexuel normalis chez les garons et les filles, pour aller jusqu'aux environnements qui oblitrent la possibilit mme d'un dveloppement normal.
Les indices suggrent qu'un cadre thorique global bas sur un modle d'abus de pouvoir pourrait tre plus prometteur. Cependant, nous sommes encore loin d'avoir toutes les rponses, en supposant que nous ayons mme su poser toutes les questions. Une comprhension plus complte et globale de l'enfance maltraite et de la violence interpersonnelle pourrait se situer aux points o se croisent un certain nombre de modles thoriques ou conceptuels. Nous allons devoir adopter une perspective dveloppementale en ce qui concerne les impacts de la conduite abusive. Il faudra nous attaquer aux effets ou l'influence d'lments trs multiples: statut socio-conomique, appartenance ethnique et raciale, relations entre les sexes, systmes familiaux, comptences et connaissances parentales, sant mentale et physique des parents, attachements, normes culturelles suscitant la violence et la conduite abusive, abus de boisson et accoutumance aux drogues, stress, fonctionnement intellectuel, ingalits structurelles, prjugs contre les gais et les lesbiennes, et les facteurs situationnels. Nous allons devoir galement examiner avec soin nos coles, institutions, mthodes thrapeutiques, et la prparation et la formation des professionnels qui s'occupent des jeunes, pour tablir la responsabilit de chacun l'gard du problme d'encouragement ou de promotion implicite de la violence interpersonnelle et de la conduite abusive.
Nos messages aux victimes masculines
Minimisation et dni du vcu de la victime masculine sont tellement omniprsents dans notre culture que l'on en trouve des traces partout, des comptines pour les tout petits jusqu' la recherche universitaire en passant par les bandes dessines, les comdies au cinma, les missions de tlvision et les articles de journaux. Nous faisons passer un message aux victimes masculines, tous les jours de leur vie, o nous semblons leur dire qu'ils risquent gros s'ils osent se plaindre. De faon succincte, nous leur disons: si un garon ou un homme a t victime, c'est qu'il l'a mrit, qu'il l'a cherch, ou qu'il ment. S'il s'est bless, c'est de sa faute. S'il pleure ou qu'il se plaint, nous ne le prendrons pas au srieux, et nous ne l'approuverons pas s'il pleurniche parce qu'il est cens prendre a comme un homme. Nous rirons de lui. Nous le pousserons minimiser l'impact de ce qui lui est arriv. Nous l'encouragerons accepter la responsabilit d'avoir t victime et nous lui enseignerons passer outre tous sentiments associs ce qui s'est pass. Nous le culpabiliserons et nous le rduirons avoir honte afin qu'il se tienne debout et qu'il n'oublie pas que ce n'est pas la fin du monde.
En transmettant aux garons et aux jeunes gens toutes sortes de messages qui suggrent que leur vcu de violence et de victimisation ne compte pas comme celui des filles ou des jeunes femmes, nous semblons leur donner une leon quant leur valeur en tant que personnes. Nous leur enseignons galement que le recours la violence l'encontre des mles est lgitime. Lorsque nous faisons peu de cas de leur souffrance, nous n'encourageons pas exactement les garons et les jeunes gens couter et prendre au srieux les proccupations des femmes au sujet de la violence et de la victimisation. Lorsque nous cherchons attnuer la gravit de leurs expriences ou que nous omettons de tenir leurs exploiteurs masculins et fminins pleinement responsables de leurs actes, nous ne faisons en fait que perptuer leur victimisation.
En quoi les choses seraient-elles diffrentes pour les victimes masculines si nous reconnaissions leur existence?
Comment notre socit serait-elle diffrente si nous reconnaissions les victimes masculines et que nous leur donnions notre appui? On aurait reconnatre la manire dont le conditionnement des rles sexuels prive les garons d'une vie motionnelle riche et les ampute de portions entires de leur tre essentiel. On dcouvrirait alors comment certaines de nos pratiques pour lever les enfants (distance motionnelle et physique l'gard des fils pour les endurcir tt dans la vie) handicapent leur aptitude former des attachements scurisants et nourriciers. On commencerait alors voir comment l'appartenance mme au sexe masculin est en soi un facteur de risque capable d'amplifier les effets de toutes les formes de mauvais traitements et de les canaliser dans des actes violents, agressifs et irrflchis, cibls contre soi-mme ou les autres. On admettrait enfin les indices incontournables issus de la recherche concernant l'importance et la frquence de la carence de soins et des mauvais traitements physiques, sexuels et psychologiques, y compris les chtiments corporels, infligs des garons et des adolescents par des personnes de sexe fminin, sans plus jamais faire de minimisation.
Nous serions tenus de reconnatre que s'il existe une dimension propre au sexe masculin dans les nombreuses formes de violence exprimes ouvertement, les causes n'ont pas besoin d'tre relies la violence routinire et normalise qui est prvalante dans notre socit l'gard des mles, et qui prend la forme d'enfants maltraits et en carence de soins, de mauvais traitements psychologiques, de chtiments corporels, et d'agression implicite dans le mode de socialisation des mles. Nous nous rendrions enfin compte que toutes les formes de violence l'gard des garons et des adolescents dont nous avons discut dans ce document sont le lot quotidien de la plupart des mles plutt que l' exception . Nous ne tolrerions plus les images dans le s mdias qui se veulent humoristiques ou divertissantes dans leur faon de prsenter les victimes masculines ou fminines de la violence, ni le journalisme de parti pris qui omet de prsenter le tableau complet de la situation de l'enfance maltraite et en carence de soins, et de la violence interpersonnelle, familiale et communautaire.
Nous reconnatrions que, indpendamment de nos propres points de dpart thoriques, les victimes masculines ont leur propre voix pour s'exprimer, et leurs propres interprtations de leur vcu. Si nous continuons ignorer leurs drames, en passant autre chose ou en refusant d'explorer la situation, nous serons privs d'lments importants dont nous avons besoin pour les amener la thrapie et la gurison. Nous aurions la prtention de retracer pour eux les origines et le parcours de leurs difficults, alors que, du fait de s limitations de nos propres visions du monde sur le plan personnel et professionnel, nous serions en train de les rformer notre image. Et en ayant recours nos pratiques professionnelles actuelles, nous risquons de reproduire les mmes modles dysfonctionnels et inhabilitants de communication et de relation que nombre de ces mles ont trouv dans leurs familles d'origine ou dans les milieux o ils ont grandi.
Nous aurions admettre que nous ne parviendrons jamais rsoudre le problme complexe de la violence dans notre socit avant de nous tre mis l'coute des drames et des propos des victimes de la violence; avant que des hommes et des femmes de bonne volont ne choisissent de commencer travailler cte cte; et avant que les outils de notre lutte collective en faveur de la paix ne refltent le respect, la compassion et l'inclusion que l'on doit se donner comme norme minimale. Nous reconnatrions, enfin, que les moyens sont des fins. C'est dans le choix de nos moyens d'action que nous sommes le plus en mesure de prendre consciemment des dcisions d'inclusion au sujet de notre orientation future. Dans une perspective post-moderne, dans tout processus inclusif de formation d'un consensus l'gard d'un but donn, on ne peut pas voir l'aboutissement ds le point de dpart. Donc, si les moyens que nous choisissons pour essayer de crer une socit plus juste ne sont pas eux-mmes justes et quitables, nous ne ferons que tourner en rond.
Commencer avec nous-mmes comme adultes
Peut-tre que, en fin de compte, la plus grande part de responsabilit l'gard du sort des garons et des jeunes gens demeure entre les mains des adultes. C'est bien nous qui faisons des recherches biaises et portant sur un seul sexe. C'est bien nous qui prsentons aux mdias plus d'opinions politiques sur la victimologie masculine que d'informations objectives et empiriques. C'est bien nous qui contribuons la survivance de strotypes biaiss sur les garons et les jeunes gens, strotypes qui continuent les rduire au silence. C'est bien nous qui contribuons renforcer dans l'esprit du public l'image de la victime masculine forte et capable d'encaisser alors que nous savons qu'il s'agit en ralit d'tres humains qui souffrent normment dans l'isolement et la solitude.
Les adultes, surtout ceux qui travaillent dans le domaine de l'enfance maltraite, sont les yeux de la socit canadienne sur cet aspect de la souffrance humaine. C'est nous qu'il incombe d'lever notre voix contre la conduite abusive et l'injustice, et pour la compassion et l'inclusion. Si nous ne nous ouvrons pas l'autocritique, pour rflchir consciencieusement et continuellement nos hypothses, mthodes et normes de travail, ou si nous nous permettons de tomber dans le pige de la rhtorique, ce sera alors nous, plus que quiconque, qui mettrons en pril la crdibilit dans ce domaine.
En dfinitive, nous allons tous devoir rflchir sur une vrit fort simple et pleine de sagesse: on ne peut pas emmener les autres - des enfants, des adolescents, le public, ou d' autres professionnels - au - del du point o l'on est rendu en termes de conscience de soi et de comprhension, car on ne dispose pas soi-mme d'un plan de voyage. Comment prtendre que notre collectivit est en qute de justice alors qu'elle tolre l'application d'une norme diffrentielle, qu'elle accepte un discours qui nous divise sur la violence et les mauvais traitements, et qu'elle laisse les victimes masculines en dehors du champ de notre compassion et de nos soucis? ventuellement, toutes les victimes, des deux sexes, et tous les Canadiens et Canadiennes, perceront notre hypocrisie. Si nous ne parlons pas pour tous les enfants, pour toutes les victimes, des deux sexes, nous finirons par ne parler pour personne.
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The biased words highlighted below should be "sexual assault", "raped" or similar type words NOT "sexual relationship" or "had sex"
Female sex offenders reveal cultural double standard
The Seattle Times
September 10, 2007
It all seems so terribly familiar.
A trusted, even respected or beloved teacher is accused of having a sexual relationship with a student.
What used to shock us, but is now much too commonplace, is that the teacher is a woman.
Their names become tabloid headlines: Mary K. Letourneau, Debra Lafave, Pamela Diehl-Moore and others.
And now two more cases, both local.
Jennifer Leigh Rice, a 31-year-old former Tacoma teacher, was charged with having sex with a 10-year-old boy who had been in her fourth-grade class. The boy's father says she lavished the boy with attention until she was told not to come to their house anymore.
So she abducted the boy, police say, drove him to a highway rest stop outside Ellensburg and had sex with him. After her arrest in early August, Rice said she'd had sex with the boy four or five times, including once when she sneaked into his house as his parents slept.
Earlier this year, former Tenino math teacher Dawn Welter, 38, was charged with second-degree sexual misconduct after spending the night at a motel with a 16-year-old female student. Her lawyer explained her relationship with the student as "horseplay that became sexual."
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Sex Offenders
Female Sexual Predators
Hundreds of them.... female teachers who sexually assaulted 12 year old boys. Read about a lesbian tennis coach who sexually assaulted her 13 year old female student.
Read how a 40 year old female sexual predator blamed a 7 year old boy whom she claimed was "coming on to me" and whom she "hoped to marry someday." Read More ..
FEMALE RAPISTS STRUCK BEFORE All-woman rape gang who kidnapped man, 23, and sexually abused him for three days linked to at least SEVEN other attacks, South African cops fear
The men are often fed Viagra and one even watched as his semen was put into vials and frozen in a cool box
The Sun, UK, Jamie Pyatt, Corey Charlton, May 30, 2017
DETECTIVES believe a gang of three women who kidnapped a man and put him through a three day rape ordeal may have struck a number of times before in South Africa.
Officers are to look at up to SEVEN cases in recent years where a male has been kidnapped – sometimes at gunpoint – by three women who have then repeatedly raped him.
The men are often fed Viagra in an energy drink to make them perform and one victim of a three woman gang watched as his semen was put into small vials and frozen in a cool box.
One cop involved in one of the investigations said he believe there was a trade in selling the stolen semen to faith healers or "witch doctors" who use it to make "magic" potions.
The latest attack in Pretoria - the country's capital - has led police to appeal for other potential victims to spare their blushes and report it.
Although at least seven cases have been on police files for several years, many more are believed to have gone unreported as men are often too embarrassed to report being raped by women.
The Sun Online told earlier how the latest kidnap victim was found traumatised and exhausted after being dumped in a field semi-naked and told officers about his 72-hour sex ordeal.
The 23-year-old man said he was in a 15 seater communal taxi in which three young women were already travelling and he was told by the driver to sit in the front beside him.
Police spokesperson Captain Colette Weilbach said: "One of the women the allegedly injected him with an unknown substance and he passed out and woke up in an unfamiliar room.
3 in 4 B.C. boys on street sexually exploited by women
VANCOUVER - Canada's largest study into the sexual exploitation of street kids and runaways has shattered some myths about who the abusers might be - with the most surprising finding being that many are women seeking sex with young males.
"Some youth in each gender were exploited by women with more than three out of four (79 per cent) sexually exploited males reporting exchanging sex for money or goods with a female," said Elizabeth Saewyc, associate professor of nursing at the University of British Columbia and principal investigator for the study conducted by Vancouver's McCreary Centre Society.
"I must admit it wasn't something we were expecting."
Mom drugged daughter to get her pregnant: police
Associate Press, U.S.A.
April 3, 2009
PITTSBURGH (AP) - A western Pennsylvania mother has been charged with giving her 13-year-old daughter drugs and alcohol so the woman's boyfriend could impregnate the girl without her knowing, police said Thursday.
Shana Brown, 32, is no longer able to have children but wanted to have a baby with her current boyfriend, Duane Calloway, said Uniontown Police Detective Donald Gmitter. The pair decided to drug the girl so Calloway, 40, could have sex with her, he added.
"There's some sick people on this case," Gmitter said.
Brown has been charged with endangering the welfare of a child, turned herself in Thursday and was being held in the Fayette County jail, police said. Brown's attorney did not return a call for comment.
Calloway faces several counts of attempted rape. He was arrested Wednesday and remains in jail. It was not immediately clear whether he had an attorney.
The three attacks occurred in Brown's home in Uniontown, about 50 miles south of Pittsburgh, according to the criminal complaint.
The Oprah Winfrey Show
Lisa Ling Video Interview of Female Sexual Predator / Offender
This woman raped or sexually assaulted over 100 children by her own account.
Our blind rage at women who abuse
Because we assume women never commit child sexual abuse, we treat one who is accused with disproportionate disgust
The Guardian, UK
June 11, 2009
About 20 years ago, I gave a talk about sexual abuse to the RAF. At the end, a young airman came up to me and said, "It's not just men, you know," before hurriedly walking away. That pulled me up sharp. Up till then, like most people working in the area of sexual abuse, I'd always assumed the abusers were men.
This just isn't so. We can't be sure of the precise prevalence of sexual abuse by women, as there hasn't been enough research into the subject. Academics have just assumed it doesn't happened. But conservative estimates suggest that 5% of girls and 20% of boys who have reported being abused have been abused by women. From my own research - I have had 800 cases reported to me - I believe the more likely figure is that it is 20% of all sexual abuse that is done by women.
It is women themselves who have done most to propagate this conspiracy of silence. It has almost become a feminist axiom that it is men who are to blame for abuse and that if women are in some way implicated, it is only because they have somehow been forced or controlled into doing so against their will. Again, this turns out to be completely incorrect: 75% of the cases reported to me involved women acting on their own. Read More ..
FEMALE RAPISTS STRUCK BEFORE All-woman rape gang who kidnapped man, 23, and sexually abused him for three days linked to at least SEVEN other attacks, South African cops fear
The men are often fed Viagra and one even watched as his semen was put into vials and frozen in a cool box
The Sun, UK, Jamie Pyatt, Corey Charlton, May 30, 2017
DETECTIVES believe a gang of three women who kidnapped a man and put him through a three day rape ordeal may have struck a number of times before in South Africa.
Officers are to look at up to SEVEN cases in recent years where a male has been kidnapped – sometimes at gunpoint – by three women who have then repeatedly raped him.
The men are often fed Viagra in an energy drink to make them perform and one victim of a three woman gang watched as his semen was put into small vials and frozen in a cool box.
One cop involved in one of the investigations said he believe there was a trade in selling the stolen semen to faith healers or "witch doctors" who use it to make "magic" potions.
The latest attack in Pretoria - the country's capital - has led police to appeal for other potential victims to spare their blushes and report it.
Although at least seven cases have been on police files for several years, many more are believed to have gone unreported as men are often too embarrassed to report being raped by women.
The Sun Online told earlier how the latest kidnap victim was found traumatised and exhausted after being dumped in a field semi-naked and told officers about his 72-hour sex ordeal. Read More ..
Correctional Services Canada
Service correctionnel du Canada
Female Sex Offenders in the Correctional Service of Canada, Case
Studies
Délinquantes sexuelles sous la
responsabilité du Service correctionnel du Canada, études de cas
LITERATURE REVIEW ON FEMALE SEX OFFENDERS
Although there is an increasing literature on male sex offenders, there is a noticeable dearth of information concerning female sex offenders. Most of the work in the area has come from three of the largest prison programs for female sex offenders in Missouri, Minnesota, and Kentucky.
OVERALL NEGLECT OF FEMALE SEXUAL OFFENCES
For a variety of societal reasons, female sexual abuse is likely to remain unnoticed. Some researchers have found that the incidence of sexual contact with boys by women is much more prevalent than is contended in the clinical literature (Condy, Templer Brown & Veaco, 1987). Despite society's increasing concern about sexual assault, there may be several reasons for the under-reporting of female sexual abuse of both child and adult victims. Traditionally, society has held preconceptions of women as non-violent nurturers. Women in general, and mothers mopre specifically, have more freedom than men to touch children (Marvasti, 1986). Therefore, a man may be mpre easily perceived as abusive when touching a child than when a woman touches a child in a similar manner (Plummer, 1981). Further, sexual offences perpetrated by women are often incestuous in nature and children may be reluctant to report sexual contact with a parent on whom they are dependent (Groth, 1979). Health care workers are often unable to detect mother-child incest as mothers often accompany their children to the doctor's office. This may serve as a barrier to detecting sexual abuse of the child (Elliott & Peterson, 1993). The medical profession is only reluctantly becoming sensitive to the fact that females can, in fact, be perpetrators of sexual abuse (Wilkins, 1990; Krug, 1989).
EXAMEN DE LA DOCUMENTATION SUR LES DÉLINQUANTES SEXUELLES
La documentation sur les délinquants sexuels s'accroît alors que l'information sur les délinquantes sexuelles est clairement déficiente. La plupart des travaux en ce domaine proviennent de trois des programmes les plus importants établis pour les délinquantes sexuelles au Missouri, au Minnesota et au Kentucky.
DÉSINTÉRESSEMENT GÉNÉRAL À L'ÉGARD DES INFRACTIONS SEXUELLES COMMISES PAR DES FEMMES
Pour diverses raisons sociales, les mauvais traitements sexuels infligés par les femmes demeurent généralement cachés. Certains chercheurs ont découvert que l'incidence des contacts sexuels entre des femmes et des garçons est beaucoup plus élevée que ne l'estime la documentation clinique (Condy, Templer Brown et Veaco, 1987). En dépit du fait que la société se préoccupe de plus en plus de l'agression sexuelle, plusieurs raisons pourraient faire que l'on parle moins des cas de mauvais traitements sexuels infligés par des femmes à des enfants ou à des adultes. La société a toujours perçu les femmes comme des nourricières non violentes. Les femmes en général, et surtout les mères, ont plus de latitude pour toucher les enfants que les hommes (Marvasti, 1986). Par conséquent, un homme qui touche un enfant de la même manière que le fait une femme peut être plus facilement perçu comme un agresseur (Plummer, 1981). En outre, les infractions sexuelles commises par des femmes sont souvent de nature incestueuse et les enfants peuvent hésiter à dénoncer un contact sexuel avec un parent dont ils dépendent (Groth, 1979). Les travailleurs du domaine de la santé sont souvent incapables de déceler les cas d'inceste entre l'enfant et la mère car cette dernière accompagne souvent l'enfant au bureau du médecin. Cela peut empêcher de dépister les mauvais traitements sexuels infligés à l'enfant (Elliott et Peterson, 1993). La profession médicale prend à contrecoeur conscience du fait que les femmes peuvent en fait infliger de mauvais traitements sexuels. (Wilkins, 1990; Krug, 1989). Read More ...
Why you shouldn't see VAGINA MONOLOGUES
Lesbian Pedophilia and the rape of girls
Don't attend performances.
Mother confesses to sex with sons
Had intercourse with 2 teenagers
Pleads guilty to incest charges
A Kitchener woman has pleaded guilty to having sexual intercourse with her two teenage sons on separate occasions.
Woman who cut off her newborn son's private parts handed 5-year prison term
Mainichi Daily News, Sakai, Osaka, Japan, November 26, 2006
SAKAI, Osaka -- A woman accused of cutting off her newborn son's private parts in 2004 was ordered Monday to spend five years behind bars.
The Sakai branch of the Osaka District Court convicted Shizue Tamura, 27, a resident of Izumi, Osaka Prefecture, of inflicting bodily injury.
"The way she committed the crime was unprecedented, inhumane and cruel," Presiding Judge Masahiro Hosoi said as he handed down the ruling. Prosecutors had demanded an eight-year prison term. Read More ..
Up to 64,000 women in UK 'are child-sex offenders'
After Plymouth case shocked the nation, police say number of women abusing children
The Guardian UK and The Observer
4 October 2009
Researchers from the Lucy Faithfull Foundation (LFF), a child protection charity that deals with British female sex offenders, said its studies confirmed that a "fair proportion" of child abusers were women. Donald Findlater, director of research and development, said results indicated that up to 20% of a conservative estimate of 320,000 suspected UK paedophiles were women.